C’est si difficile que ça, d’être amoureux d’une fille ou d’un gars et de s’unir, par les voies naturelles, pour faire des gars et des filles qui danseront sur le pont d’Avignon et feront, à leur tour, des gars et des filles qui paieront nos retraites ? L’aventure, c’est l’aventure, mais l’autre sexe - loué soit Dieu -, ce n’est pas l’Himalaya. Faut y mettre du vôtre, eh oh, les gens !

Tandis que le Président, en campagne, retrousse ses manches et nous raconte l’histoire cachée des territoires, dardant sur nous son regard bleu revolver, pendant ce temps, à la Chambre, c’est "ambiance, ambiance" avec la perspective des débats jouissifs d’insémination pour lesbiennes et "post mortem". Du temps gagné pour les européennes, se dit le Président, en se frottant les mains.

Ambiance, donc, « anxiogène et délétère » à Solférino. C’est Agnès Thill qui le dit. La députée LREM (selon le magazine Marianne du 18 janvier) vient d’être vertement recadrée. Dénonçant le puissant lobby LGBTQ qui impose l’idéologie de la PMA à l’Assemblée, elle a ajouté un point à son argumentaire habituel : l’éviction du « père », par le remplacement des mots « parent 1 et 2 », poussera les Français, pense-t-elle, à aller voir du côté des écoles coraniques, renforçant ainsi le monde parallèle à la République que créent « nos amis musulmans », lesquels ne chahutent pas du tout sur le genre et le sexe.

Lors d’une réunion impromptue, il y a une quinzaine de jours, des représentants des cultes par monsieur Touraine, dont le but innocent était de sonder nos "muphtis" pour savoir s’ils mettraient leurs ouailles dans la rue, une fin de non-recevoir aux fariboles procréatives fut donnée par l’imam qui dit, clair et net, au professeur que la procréation, pour les musulmans, c’était un homme et une femme. Libre à chacun d’apprécier la pertinence de l’argumentation de la députée.

En attendant, la Macronie a vu rouge, en nous ramenant aux temps les plus sombres de procès célèbres. À propos hétérodoxe, sanction exemplaire : Aurélien Taché a accusé la députée « d’homophobie, d’islamophobie et d’essentialisme » et demandé son exclusion du parti. Vive la liberté !

Durant tout le mois de février, des séminaires se tiendront sous la houlette d’organisations idoines sur cette "cosa mentale straordinaria". Quelle manie, faut dire, de vouloir procréer sans copuler ! Dans ce tintouin législatif, monsieur Touraine, franc comme l’or, a proposé la seule solution possible : « la procréation pour tous sans sexe ». Même si Christiane Taubira l’avait pensée, on dira ce qu’on veut, cette définition scientifique est une trouvaille.

Depuis la cour du Louvre, il y en a eu, des ministres à quitter le navire : Robin des bois, Lyon, Béarn, l’Arlésienne, Plume. Reste, il est vrai, l’Ève future, au babil incessant. Notre flûtiste de Hamelin n’en a pas fini avec les gilets jaunes. Gare aux layettes arc-en-ciel ! La société est fracturée mais pas dingo. À la place du Président, et si j’étais lui, comme diraient les Dupond et Dupont, je me méfierais de la tendance des francs Gaulois à s’ébattre dans la rue.

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22 janvier 2019 à 14:53

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