#PasDeVague : une scélérate à l’Éducation nationale

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Il ne s’agit pas ici de dénoncer une femme. La scélérate, c’est une de ces vagues gigantesques, monstrueuses, démesurées, échappant à toute norme et qui se forment et s’abattent parfois sur le ponts des bateaux en pleine mer. Ces murs d'eau disloquent la coque des navires trop fragiles qui ont le malheur de croiser leur chemin. Et c’est bien une scélérate qui est venue troubler la quiétude de la mer d’huile où cabote l’Éducation nationale. La violence des images de Créteil est éloquente : un jeune élève qui braque une arme de poing sur la tempe d’un professeur. La hauteur de la vague dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer rue de Grenelle.

Tous ceux qui côtoient de près ou de loin des enseignants et sont assez intimes pour recueillir leurs confidences le savent. L’administration de l’Éducation nationale est d’une lâcheté sidérante. Les chefs d’établissement sont prêts à toutes les veuleries pour enterrer toutes les affaires, pour minimiser tout ce qui peut l’être, pour incriminer les enseignants plutôt que les élèves et ne pas faire de remous, de clapot, de sillage. Le syllogisme en vigueur, c’est : si l’on ne sanctionne pas, c’est que l’on a si bien effectué son travail d’éducateur que cela ne s’avère pas nécessaire. C’est du même tonneau qu’un rectorat qui intime aux correcteurs des examens pour l’obtention d’un diplôme d’état une mansuétude incommensurable et un laxisme sans borne, et qui ensuite félicite le corps enseignant de son travail : le taux de réussite progresse, preuve que s’élève le niveau des élèves.

Comme les vagues de #MeToo ou de #BalanceTonPorc, la parole se libère. Sur Twitter, le mot-clef #PasDeVague permet de rendre compte de l’ampleur du problème, avec des tonnes d’histoires sordides d’élèves incapables de se plier à la moindre discipline et qui rodent à l’école leurs attitudes de futurs caïds. Et des administrations qui se complaisent dans la cécité volontaire, dans la minimisation des faits, dans la trahison des enseignants que l’on préfère blâmer : c’est tellement plus simple !

Bien évidement, les coups de menton d’usage des ministres en poste relèvent de la communication, et ce pouvoir en place n’est bon qu’à ça : hanter les plateaux télé, les studios des radios et les réseaux sociaux au lieu de travailler à réformer ce qui devrait l’être - à commencer par eux. Mais au-delà de l’indignation peut-être sincère, quelles suites seront données ? La Rue de Grenelle va-t-elle exiger que le thermomètre qui mesure les problèmes au sein de cette vaste maison ne soit plus truqué ? La discipline sera-t-elle rétablie ? Ordonnera-t-elle de poursuivre systématiquement en justice les fauteurs de délits ? Le doute est permis.

Sur Twitter, les signes indiquant que les pédagogos ne désarment pas sont déjà perceptibles : les tentatives de récupération des « fachos » sont dénoncées, les excuses pour ces pauvres jeunes qui n’ont que ce type de langage disponible font discrètement leur apparition, un Benalla braquant son illégal flingue pour un selfie est cité en mauvais exemple...

Alors, puisons au-delà de la Méditerranée chez saint Augustin, évêque d’Hippone et docteur de l’Église, de quoi fonder une nécessaire rigueur. "À force de tout voir, l’on finit par tout supporter. À force de tout supporter, l’on finit par tout tolérer. À force de tout tolérer, l’on finit par tout accepter. À force de tout accepter, l’on finit par tout approuver." Cette feuille de route n’empêche pas d’être mouillé par les vagues mais, au moins, le cap est bon.

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