Le pape en croisade contre les « fake news »

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La nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre, plus vite peut-être que des « fake news » ! Le pape va justement partir en croisade contre ces fameuses « fake news », ces nouvelles, délibérément fausses, qui se répandent à travers le monde, notamment par le biais des réseaux sociaux. Notons que l’expression anglaise est désormais entrée dans les usages avec la connotation quasi idéologique qu’elle revêt aujourd’hui : les « fake news » - ne tournons pas autour du pot - serviraient principalement à développer les sentiments populistes des opinions publiques.

Le pape, en ce jour de fête des saints archanges Michel, Gabriel et Raphaël, ces chargés de la communication divine, a donc annoncé par tweet que le thème de la 52e Journée mondiale des communications sociales, le 13 mai 2018, portera sur les « fausses nouvelles ». "Thème pour la Journée de la Communication 2018 : “La vérité vous rendra libres” (Jn 8, 32). Fausses nouvelles et journalisme de paix."

Cette journée fut inaugurée en 1967 par le pape Paul VI, dans le sillage du concile Vatican II et à la suite d’un décret promulgué en 1963, "Inter mirifica", portant sur les moyens de communication sociale. "L’Église notre Mère sait que ces instruments, quand ils sont utilisés correctement, rendent de grands services au genre humain : ils contribuent, en effet, d’une manière efficace au délassement et à la culture de l’esprit, ainsi qu’à l’extension et à l’affermissement du règne de Dieu. Mais elle sait aussi que les hommes peuvent les utiliser à l’encontre des desseins du Créateur et les tourner à leur propre perte. Son cœur maternel est angoissé à la vue des dommages que bien souvent leur mauvais usage a déjà causés à l’humanité." Un constat toujours d'actualité.

En lisant ces lignes tirées du décret de Paul VI, on voit qu’on est loin de l’interprétation réductrice que la plupart des médias « mainstream » veulent donner à ce « tweet papal ». En cela, il est vrai, ils sont aidés par un passage du communiqué du Vatican qui annonce officiellement le thème de cette journée 2018. Je cite : "Lors d’une conférence, le jeudi 28 septembre 2017, le préfet du Secrétariat pour la Communication, Mgr Dario Edoardo Viganò, avait présenté la radio comme un rempart contre les "fake news", qui deviennent souvent virales sur les réseaux sociaux, comme la campagne présidentielle américaine de 2016 l'a montré avec une particulière
ampleur."
En quoi, en effet, la radio serait-elle un rempart contre les « fake news » ? Le monsignore ignore sans doute ce que chantait Pierre Dac à la radio de Londres pendant la Seconde Guerre mondiale : "Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand." Et lorsqu’on écoute certains journalistes de radio, ne peut-on pas se demander si leurs éditoriaux "rendent de grands services au genre humain", pour reprendre les termes d’"Inter mirifica", et ne causent pas autant de dommages, sinon plus, que ces fameuses "fake news" ?

Mais, au fait, qu’est-ce qu'une fausse nouvelle, tout du moins si l’on veut bien s’élever au niveau des préoccupations qui doivent être celles de l’Église ? Sa mission essentielle n’est-elle pas, en effet, de prêcher, justement, la Bonne Nouvelle - c’est-à-dire littéralement l’Évangile -, et non pas de servir d’auxiliaire au « Decodex du Monde » ? « Bonne Nouvelle » doit s’entendre comme bénéfique pour le salut des hommes, mais aussi comme nouvelle vraie, c'est-à-dire le contraire de la fausse nouvelle. Or, au plan théologique, n’existe-t-il pas de fausses nouvelles - des « fake news », donc - qui se répandent chaque jour un peu plus dans le monde ? Leur propagation virulente, et même violente, ne semble pourtant pas émouvoir plus que cela le pontife romain…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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