La drogue, à Marseille, à Pau et à Toulouse - cinq policiers blessés alors qu'ils contrôlaient un véhicule près d'un point de deal.

À Paris, à nouveau les Black Blocs ont sévi au cours d'une manifestation où on a brûlé l'effigie du président de la République représenté avec une balle dans la tête.

À Grenoble, des CRS en repos, rentrant dans leur cantonnement, étaient agressés par "une quinzaine de voyous embusqués dans des buissons" (Le Figaro).

Dans une cité de la région parisienne, il a fallu dix ans pour que soient expulsées cinq familles qui, avec leur trafic, pourrissaient un environnement qui n'aspirait qu'à la tranquillité.

Il me semble qu'on passe trop de temps à expliquer les motifs de notre effondrement et de notre dépossession, mais qu'on met trop peu d'énergie pour y remédier.

Non pas que ce soit aisé, mais j'incline à croire que rien ne s'accomplira jamais si on ne tient pas pour nécessaires quelques données.

On a bien compris que l'autorité était discutée partout et à tous les niveaux et que ce délitement ne diminuera pas au fil du temps. Ce constat fait, il est essentiel que l'État et les pouvoirs publics n'en prennent pas seulement acte mais s'engagent pour le réduire, s'y opposer, s'imposer et manifester, à chaque arbitrage significatif, que la France officielle, légale, n'a pas vocation à passer sous la table démocratique au profit des multiples dissidences qui la fracturent et se comportent comme si elles étaient chez elles et persuadées de ne jamais en être délogées.

On ne peut pas systématiquement accuser la police d'inaction et se plaindre de ses interventions trop rares et toujours dangereuses dans les cités si on continue, même au plus haut niveau, à ne pas la soutenir systématiquement, sauf preuve de transgressions irréfutables de sa part, en la présumant coupable quasiment à tout coup. Une police qui, dans les situations difficiles qu'elle est amenée à affronter, n'a pas la certitude d'une adhésion à la fois politique et républicaine, est une police tentée par l'abstention plus que par l'action, répugnant aux crises et aux tensions inévitables au profit d'un abandon tactique et d'une fuite habile de ses responsabilités. Une attitude solidaire de l'État, ne se lavant pas les mains lâchement, comme trop souvent, des risques et des conséquences préjudiciables des missions de police, aurait pour effet de susciter plus de confiance chez celle-ci et donc plus de maîtrise de son pouvoir au quotidien.

Il n'y aura pas la moindre chance de restaurer l'ordre républicain partout où il est nié si la multitude des opérations contraignantes et vigoureuses nécessaires à cette fin n'est pas approuvée, validée, légitimée et défendue par les autorités politiques.

On me cite trop l'exemple de New York et de Rudolph Giuliani, son maire de 1994 à 2001 - avec sa tolérance zéro et son éclatante réussite -, au regard de notre "guerre" française pour l'instant perdue pour que je ne m'y arrête pas pour conclure. Je ne connais pas l'ensemble des modalités procédurales qui entravaient ou facilitaient l'action de ce responsable d'exception, mais il est certain qu'il devait bénéficier d'une latitude autorisant une large autonomie de sa part et d'une relation exemplaire avec la justice new-yorkaise. Rien n'aurait pu prospérer sans cette double condition.

Est-il même utile de souligner combien, chez nous, les rapports entre magistrature et police, entre le pointillisme de l'une et l'efficacité de l'autre sont biaisés, contradictoires, parfois même hostiles ? Bien au-delà du militantisme du Syndicat de la magistrature !

Reconquérir la France ! Ce n'est pas une injonction vide de sens, une provocation. C'est l'obligation que se formule un citoyen navré de l'impuissance de son pays, de l'impunité des désordres et des violences et de l'acceptation apparente d'une fatalité qui n'en est pourtant pas une.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 13/09/2019 à 16:13.

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24 mai 2018 à 12:10

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