La Nouvelle-Zélande, c’est le bout du monde. L’autre côté. Les antipodes. Compter de 22 à 25 heures de vol depuis la France, avec une escale, au choix : Hong Kong, Bangkok, Osaka ou Séoul. Bref, pour rejoindre ces lointaines terres australes et randonner dans les décors du Seigneur des anneaux, il faut s’armer de patience.

Qu’importe, il paraît que la Nouvelle-Zélande est devenue – après la Chine, les Émirats, l’Australie et Singapour – "the place to be". Les reportages se multiplient sur ces Français qui fuient notre pays enkysté dans ses luttes sociales d’un autre âge pour aller trouver, ailleurs, le goût d’entreprendre et la possibilité de réussir. Auckland serait, dit-on, leur nouvel eldorado.

Mais pour ceux-là qui fuient notre vieux monde avec des rêves d’entreprise plein la tête, il en est d’autres – et plus nombreux à ce qu’il semble – qui choisissent la terre des Maori pour s’y faire un paradis loin du bruit et de leurs louches affaires. L’île du Nord et sa voisine l’île du Sud sont ainsi grignotées par de riches étrangers – Chinois, Singapouriens et autres nababs de la Silicon Valley – qui y installent leur villégiature loin de la fureur du monde. L’argent n’étant pas, pour eux, un problème, ils achètent à des prix que les locaux ne peuvent se permettre. Résultat : les prix de l’immobilier s’envolent et les biens échappent aux autochtones.

Ce qui touche la Nouvelle-Zélande n’est qu’une maladie de jeunesse. Voilà belle lurette que nous, vieille France, avons "vendu à crédit la corde pour nous pendre", comme disait le camarade Lénine. À qui appartient le Paris du "Triangle d’or" ? À qui, bientôt, les vignes du Bordelais ou des coteaux du Cher ? À qui, les villas de la Côte d’Azur et les cœurs historiques chèrement rénovés de nos métropoles régionales ?

Les Néo-Zélandais pourraient, comme tous nos gouvernants, s’en frotter les mains. Mais non. Ça ne leur va pas. Ce n’est pas le rêve qu’ils ont fait pour leur population, alors le gouvernement néo-zélandais a pris, ce mercredi 15 août, une mesure radicale : il sera désormais interdit aux étrangers d’acheter des biens immobiliers.

C’est le journal britannique The Telegraph, repris par Le Point, qui l’a révélé, signalant que des études récentes attestent que 3 % des biens immobiliers de Nouvelle-Zélande ont été vendus à des étrangers, ce chiffre grimpant "jusqu'à 22 % dans l'hypercentre d'Auckland, la capitale". Cela, pour des ventes souvent bien au-delà des prix du marché local.

Le ministre du Logement a ainsi justifié la décision de son gouvernement :

« Nous sommes ici aujourd'hui pour faire un pas vers la restauration du rêve néo-zélandais d'accès à la propriété. C'est le droit de naissance des Néo-Zélandais d'acheter des biens immobiliers à des prix convenables. »

La loi prévoit, toutefois, quelques exceptions et aménagements pour les étrangers ayant le statut de résident, comme les Australiens et les Singapouriens, cela "grâce à des accords de libre-échange". Pas de rétroactivité non plus : "Les étrangers qui sont déjà propriétaires d'un bien immobilier ne seront pas touchés par cette loi et les acheteurs d'outre-mer auront toujours la possibilité de faire des investissements limités dans des immeubles et des hôtels."

Il n’empêche, il paraît que cette loi ne plaît pas, mais alors pas du tout, au FMI. Entre nous, je pense que c’est un signe qui plaide, justement, en faveur du gouvernement néo-zélandais, mais bon…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 21:02.

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16 août 2018 à 16:58

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