Nouvel échec pour M. Macron : Parcoursup fait pire qu’APB !

APB, l’ancienne procédure d’affectation des bacheliers dans le supérieur, a été abandonnée car Mme Frédérique Vidal, le ministre de l’Enseignement supérieur, lui reprochait, entre autres, de compter 19 % de lycéens sans proposition le 8 juin 2017. Elle a qualifié d'"échec faramineux" ce 19 % (qui tombait à 4 %, fin juin) et, selon elle, APB était à bout de souffle.

Or, son remplaçant Parcoursup ne fait pas mieux : au 15 juin 2018, 22 % d’étudiants sont sans aucune affectation. Mais il y a pire : avec APB, 49 % des postulants avaient obtenu d’emblée leur vœu préféré, tandis qu’avec Parcoursup, seulement 41,5 % ont validé un unique vœu le 15 juin. (Mais combien, parmi eux, ont pris n’importe quoi ?)

Parcoursup fonctionne mal : les formations sélectives qui, en 2017, faisaient le plein et qui connaissaient tout de suite l’essentiel de leurs futurs étudiants ne sont souvent remplies qu’à moitié en 2018 et leurs listes d’attentes sont vides ou contiennent trop d’étudiants d’un niveau bas. Les reproches que les détracteurs de Parcoursup adressaient à ce nouveau dispositif étaient justifiés : les meilleurs lycéens ont monopolisé les « oui ». Ils n’ont pas joué le jeu et libéré immédiatement des places, grippant tout le système. Et nombre d’étudiants, désespérant d’obtenir ce qu’ils voulaient, ont accepté des vœux de secours qui ne les intéressaient pas alors qu’en 2017, ils auraient décroché rapidement la formation de leurs rêves.

Ce retard dans les affectations aura des répercussions gênantes. Beaucoup de lycéens, au lieu de savoir, comme autrefois, début juin, dans quelle ville ils feront leurs études, ne connaîtront leur lieu d’affectation qu’au début de juillet, voire en septembre. La recherche d’un logement se fera donc en catastrophe. Pire : certains (parmi les plus modestes) ne pourront pas obtenir de place dans les résidences universitaires, car il fallait postuler en juin.

Et sans doute la plus grande catastrophe est-elle à venir : alors qu’en 2017, 49.000 étudiants n’avaient eu aucune affectation, il y en a déjà autant ou presque à mi-juin 2018. En septembre, ils seront peut-être 200.000 dans ce cas, car les universités ont obtenu le droit de sélectionner leurs étudiants. Si la majorité d’entre elles ont joué le jeu, d’autres ont diminué drastiquement le nombre de places offertes alors qu’en 2017, les facultés étaient tenues d’accepter tout le monde, du moment qu’il y avait des locaux et des enseignants pour les accueillir.

La tare fondamentale de Parcoursup est le refus idéologique d’utiliser, comme APB, un algorithme d’affectation par ordinateur des étudiants après qu’ils avaient classé leurs vœux. En 2019, il faudrait réintroduire le mode de fonctionnement d’APB, peut-être pas dès le début de la procédure, mais rapidement après une première quinzaine semblable à celle de cette année. C’est ainsi que la plupart des autres nations procèdent. Mais Parcoursup est typique de la méthode « macronienne » de gouverner : on réforme pour réformer sans chercher à comprendre réellement les problèmes et on se vante à l’avance dans les médias d’avoir résolu la quadrature du cercle alors qu’en fait, la solution retenue ne fonctionne pas.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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