Nos bons amis les Yankees

US President Donald Trump pauses as he speaks from the Oval Office of the White House in Washington, DC, on March 24, 2017.
Trump on Friday asked US Speaker of the House Paul Ryan to withdraw the embattled Republican health care bill, moments before a vote, signaling a major political defeat for the US president. / AFP PHOTO / MANDEL NGAN        (Photo credit should read MANDEL NGAN/AFP/Getty Images)
US President Donald Trump pauses as he speaks from the Oval Office of the White House in Washington, DC, on March 24, 2017. Trump on Friday asked US Speaker of the House Paul Ryan to withdraw the embattled Republican health care bill, moments before a vote, signaling a major political defeat for the US president. / AFP PHOTO / MANDEL NGAN (Photo credit should read MANDEL NGAN/AFP/Getty Images)

Le président Trump assistera au défilé du 14 Juillet. Mais cela conférera-t-il un surcroît d’aura au nôtre ? Un coup de maître selon certains plumitifs porte-coton qui s’extasient devant le génie diplomatique de M. Macron, celui-ci s’apprêtant à faire coup double après la visite de Versailles organisée le 29 mai pour le président russe.

À la place de Trump, je me méfierais cependant. Les Champs-Élysées ne portent pas toujours chance, si l’on songe au détenu à perpétuité Hissène Habré invité d’honneur aux cérémonies du 14 juillet 1987 à l’initiative de François Mitterrand. Habré a, depuis, été condamné au Sénégal, en avril 2017, à la réclusion à vie pour ses trop nombreux crimes. M. Sarkozy, lui également bien inspiré, avait convié en 2008 le Syrien Bachar el-Assad (dont on connaît les tribulations), ainsi que le Premier ministre israélien Ehud Olmert (lequel vient tout juste d’être élargi après avoir purgé une peine d’emprisonnement pour concussion) et, enfin, le président égyptien Hosni Moubarak, un rescapé in extremis des printemps arabes.

Le défilé 2017 célébrera officiellement le centenaire de l’entrée en guerre des États-Unis durant la Première Guerre mondiale. Une aide à ce point altruiste qu’il fut réclamé, en 1918, à la France exsangue quelque quatre milliards de dollars-or. Le sacrifice de deux millions[ref]1,5 million et 500 000 décès a posteriori parmi les blessés de guerre[/ref] de jeunes Français ne compta pour rien dans le marchandage, pas plus que les deux milliards déjà remboursés sous forme d’achats d’armes et de vivres effectués auprès du prêteur. Mais l’Oncle Sam, notre bon allié, ne voulut rien savoir. Le Shylock américain ne lâcha rien. Quand, à la veille de 1939, l’embargo sur les armes fut levé, la France du Front populaire, pour obtenir un avion, devait mettre une tonne d’or cash sur la table ! En 1946, at last, la dette française fut partiellement consolidée et deux milliards finirent par passer par pertes et profits. Le solde fut finalement épongé par le plan Marshall destiné à redresser les économies européennes face à la menace soviétique et, simultanément, à relancer l’industrie américaine non encore totalement remise de la crise de 29.

En tout cas, en ce qui le concerne, Donald Trump n’est pas rancunier, sachant de quelle façon les classes politique et médiatique françaises se sont gaussées de sa personne avant et après son élection. Sans doute M. Macron est-il resté discret dans ce concert de propos déplacés, il n’en reste pas moins qu’encore récemment, notre hyper-classe ne trouvait pas de mots assez vexants pour vilipender le chef d’État américain, caractériel (disait-on) et inexorablement voué à la destitution à court terme. Gageons que ce sont les mêmes qui se montreront les plus empressés auprès du grand dirigeant populiste d’outre-Atlantique. D’ici là, M. Macron aura reçu le saint chrême à Versailles, le 3 juillet, devant les deux chambres parlementaires réunies en Congrès.

Députés et sénateurs écouteront, recueillis, le Président s'exprimer sur les grandes lignes de force de son quinquennat, ce qui ne manquera pas d’intérêt de la part d’une homme ayant déclaré avec force qu’il ne fallait pas avoir de programme (appelons cela un cahier des charges) mais une vision. Si Mme Le Pen s’en était souvenue, elle eût paru moins bête lors du débat qui consacra sa chute.

"On se fout des programmes, ce qui importe, c'est la vision et le projet politique" (RTL, 1er décembre 2016). 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 07/11/2023 à 10:52.
Jean-Michel Vernochet
Jean-Michel Vernochet
Écrivain - Ancien grand reporter au Figaro Magazine

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