Robert Ménard explique sa stratégie de communication fondée sur la provocation pour faire avancer le dossier du TGV dans sa ville et de son territoire. Il s'indigne de l'exploitation politicienne de l'affiche et d'un fait divers dramatique par Mme Rossignol et d'autres.

Comprenez-vous que cette campagne d'affiches ait pu choquer ?

Non, je ne comprends pas bien. Il faut avoir un peu d'humour. Peut-être que ceux qui ont été choqués n'ont jamais eu un numéro de Hara-Kiri entre les mains. C'est une image de western !
Rappelez-vous que Henri Salvador chantait, une femme était allongée sur des rails et Zorro venait la sauver au moment où le train se présentait. On essaie de faire du 2e degré.
Si des gens qui ont des arrière-pensées utilisent les grands principes et les grandes causes pour en tirer des petits profits politiciens, alors ce sont eux qui doivent être honteux. Bien sûr qu'il faut défendre les grandes causes comme celle du combat contre les violences faites aux femmes, mais pas les récupérer pour de basses opérations de petites politiques minables.

Par cette campagne, nous voulons parler de ce qui nous intéresse.
Depuis 30 ans, nous attendons le TGV. Il est partout en France, sauf dans le Sud-Ouest. Nous en avons assez et nous n'avons pas envie d'attendre 10 ans de plus. Cette affiche est une façon spectaculaire de dire ce message. Il y a 30 ans que Paris ne nous écoute pas. Il aura fallu cinq affiches pour qu'on prête attention à ce sujet. Nous avons le droit d'être traités comme toutes les autres régions.
La provocation sert à ça!

Ce second degré était-il un moyen de faire un buzz ou était-ce juste un choix qui vous est propre ?

Si on veut se faire entendre, il faut utiliser les « armes » que l'on a. Si je m'amusais à faire des affiches fades, sans intérêt, sans goût et sans couleurs comme toutes les collectivités le font, ça ne servirait à rien.
Dans cette situation, on provoque d'une certaine manière en prenant une série d'affiches. Après, on aime ou on n'aime pas. C'est un humour noir à la Hara-Kiri ou Charlie Hebdo.
Nous essayons d'interpeller l'opinion publique dans ma ville et plus généralement en France.
Manifestement nous avons réussi. En deux jours, j'ai parlé plus souvent de l'absence de TGV dans ma ville que nous avons pu le faire en 15 ans. Peut-être avons-nous raison.
Si c'est le prix à payer pour qu'on puisse faire passer un message essentiel, alors je le fais bien volontiers. Si nous n'avons pas un équipement comme celui-là, alors c'est le développement économique de notre région qui sera touché.

Une ancienne ministre a fait un parallèle entre la photo choc d'une femme attachée sur les voies et un sinistre fait divers. Qu'en pensez-vous ?

Laurence Rossignol s'est déconsidérée. A sa place, j'aurais honte. Mêler un drame comme ce fait divers, dont j'ignorais tout, à une campagne de ce type-là, c'est dégueulasse, honteux et petit. Si pour faire parler d'elle, elle a besoin de se servir d'un fait divers, de se servir de la mort d'une dame et de son mari qui s'est suicidé après, ce que j'ai appris depuis, alors qu'elle se regarde le matin dans une glace. Moi, devant la glace je me rase, elle, il se pourrait qu'elle voie l'image d'une femme dont elle pourrait un jour ou l'autre avoir honte.

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13 décembre 2017 à 16:57

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