Dans son article "Quoi qu’il se passe le 8 décembre…" du 8 décembre, Philippe Bilger se revendique toujours partisan d’Emmanuel Macron. C’est évidemment son droit le plus strict.

« Les Français ne pouvaient pas ne pas l’aimer. » Voilà une affirmation aussi étrange que discutable ! Passe que ç’ait été le cas des 24 % de ses électeurs du 1er tour, mais prêter ces sentiments à l’ensemble des Français, n’était-ce pas voir l’heureux élu avec les yeux de Chimène ?

Que Macron soit contesté et même détesté, rien de plus normal, tant nombre d’aspects de sa politique sont critiquables, son arrogance et son mépris évidents, ses exhibitions exotiques déplacées, son attitude de petit chef à l’égard du général de Villiers indigne, plusieurs de ses déclarations scandaleuses (« la culture française n’existe pas », « la colonisation en Algérie fut un crime contre l’humanité »…), son hommage à un traître (Audin) honteux et ses attaques contre la liberté d’expression inquiétantes. Tout ceci sans parler de sa politique étrangère désastreuse. Mais sommes-nous encore en démocratie ?

M. Bilger fait un amalgame, étonnant pour un ancien magistrat, entre les gilets jaunes en général et les gauchistes, voyous et pilleurs qui s’infiltrent, désormais, dans toutes les manifestations d’envergure. Que certains haïssent et voudraient chasser le Président qu’il défend le peine, on le conçoit. Va-t-il imiter les Anne et Pierre Rouanet en écrivant un livre sur "Les trois chagrins du Président Macron" ?

Ne faudrait-il pas s’interroger sur sa légitimité ? Choisi par une oligarchie, élu par défaut après avoir bénéficié d’un coup de force judiciaire pour discréditer son concurrent le plus probable, il use et abuse du pouvoir excessif que lui confère la Constitution : avec une Assemblée nationale à sa botte, celui-ci peut faire n’importe quoi sans consulter le peuple, comme la ratification du pacte mondial sur l’immigration qu’il vient de signer au nom de la France sans même consulter le Parlement.

Ce ne sont pas certains opposants qui ont l’obsession d’un « putsch », mais Monsieur Bilger. Rappelons la définition d’un putsch : "coup d’État ou insurrection d’un groupe armé en vue de s’emparer du pouvoir". Pas plus qu’en 1961 (il s’agissait, alors, d’une révolte d’une partie de l’armée contre la politique algérienne du chef de l’État d’alors, sans intention de le renverser) il n’y a de putsch en perspective. Voir un putsch en préparation, c’est avoir une imagination fertile. À ma connaissance, deux pétitions ont demandé que le général de Villiers soit nommé en remplacement d’Édouard Philippe. Pas de quoi parler d’un complot !

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11 décembre 2018 à 21:11

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