Autant le dire : je me réjouis de l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Je n’ai jamais été convaincu par les arguments tirés d’une nécessité liée au trafic, et encore moins par la présence, en arrière-plan, d’un Jean-Marc Ayrault (souvenez-vous, il a été le seul Premier ministre à tête de Playmobil®) et de ses partenaires politiques liés, de près ou de loin, au groupe Vinci. Bref, tout cela finissait par sentir mauvais. Et, comme l’écrit justement Jany Leroy, Roissy est à deux heures de TGV.

Une réserve, peut-être : si le gouvernement avait pris le temps de me demander mon avis, je lui aurais conseillé de faire évacuer la ZAD avant d’annoncer l’abandon du projet. Mais le gouvernement ne demande pas (encore) l’avis des auteurs de Boulevard Voltaire avant de prendre ses décisions.

Parce que, malheureusement, les « crasseux » en question crient victoire. Et, avec eux, Patrice de Plunkett, journaliste catholique, qui publie sur son blog un stupéfiant billet : il s’agit de la reprise pure et simple du communiqué du mouvement anti-aéroport, qu’il ose qualifier de "calme allégresse" et qu’il surmonte d’une photographie. On y voit une banderole noire, couleur de l’anarchie, sur laquelle est inscrit « Le pape est avec nous, nunquam aeroportum ». Le communiqué est écrit en écriture inclusive, et comporte la suite du programme :

En ce qui concerne l’avenir de la zad, l’ensemble du mouvement réaffirme dès aujourd’hui :

- la nécessité pour les paysan-ne-s et habitant-e-s expropriés de pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite.
- Le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venus habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et qui souhaitent continuer à y vivre ainsi qu’à en prendre en soin.
- Une volonté de prise en charge à long terme des terres de la zad par le mouvement dans toute sa diversité - paysans, naturalistes, riverains, associations, anciens et nouveaux habitants.

Il faudrait peut-être arrêter d’assimiler les chrétiens à ces délires anarcho-gauchistes. D’une part, parce que nombre d’entre eux étaient favorables à ce projet, ce que monsieur de Plunkett ne cesse de dénoncer à propos des cathos libéraux. La contradiction semble lui échapper. D’autre part, parce que nul ne peut admettre ce que ces mouvements d’extrême gauche font subir aux paysans et aux commerçants locaux, dont il faut rappeler qu’ils vivent un enfer depuis quelques années. Les « zadistes » ne sont pas de gentils écolos défenseurs du bocage et des petits oiseaux, mais des militants aguerris, violents, qui commettent pillages et exactions sous l’œil impuissant des forces de l’ordre. Qui saccagent ce qu’ils traversent, qui occupent illégalement des centaines d’hectares de terres, qui bloquent la circulation et qui ont constitué une enclave échappant au droit commun - ce qui est, en soi, intolérable.

Et ils n’ont pas l’intention d’en rester là, puisqu’ils revendiquent leur maintien sur la zone, en s’assimilant à de nouveaux habitants. Les forces de l’ordre sont, enfin, très inquiètes à l’idée de devoir mener une véritable opération militaire, qui se soldera par des morts et des blessés, pour prendre d’assaut un véritable camp retranché.

Bref, sans aucun recul, sans aucune nuance, un journaliste qui ne cache pas sa volonté de jouer les éminences grises du clergé français (sans succès, à ce jour) soutient ouvertement des guérilleros dont toute l’attitude va exactement à l’encontre de cette doctrine sociale de l’Église que le même Plunkett prétend défendre à longueur d’année.

Cela valait bien un coup de gueule. Jusqu’à ce qu’un évêque ose prendre sa plume pour demander à monsieur de Plunkett de cesser de parler au nom des catholiques. Surtout pour défendre de tels individus qui n’hésiteraient pas à transformer sa paisible maison de Vaucresson en zone à défendre…

3827 vues

19 janvier 2018 à 11:20

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.