Nicolas Tardy-Joubert : « Il n’est pas utile d’apporter des voix aux listes de gilets jaunes… c’est du grand enfumage »

Nicolas Tardy-Joubert réagit à l'annonce de la constitution d'une liste gilets jaunes, menée par Ingrid Levavasseur, en vue des élections européennes. Il s'interroge sur les raisons et les enjeux de la présence de cette liste et sur son avenir politique au Parlement européen.

Une liste gilets jaunes semble s’être montée pour les européennes. Pourquoi est-ce, selon vous, le meilleur moyen de rendre service à Emmanuel Macron ?

Je souligne que ce n’est, pour l’instant, qu’une déclaration d’intention. Le dépôt des listes aura lieu à la fin du mois d’avril. Nous sommes en démocratie, c’est donc leur droit le plus absolu.
Mais quand je vois la façon dont est constituée cette liste, ça me fait réagir. Ingrid Levavasseur, qui avait été sélectionnée pour être chroniqueuse chez BFM TV, déclare avoir voté pour Macron. Marc Doyer a été candidat à l’investiture d’En Marche ! Le directeur de campagne est un ancien des Jeunes Socialistes.
Il faut donc se demander à qui cela profite. Tous ces gens qui sont descendus dans la rue et sur les ronds-points pour manifester contre la politique hyperlibérale et l’absolu manque d’empathie de Macron vont-ils voter pour des gens qui soutiennent assez clairement Macron ?
On ne peut pas laisser La République en marche être le grand gagnant de ces élections alors que, de mon point de vue, ils devraient être sévèrement sanctionnés.

Vous reprochez à cette liste incarnant ceux qui se sont opposés à Macron de finalement le servir...

Ils vont brouiller les pistes. Le mouvement des gilets jaunes est apolitique. Des gens viennent de l’extrême gauche, du centrisme, de la droite ou de l’extrême droite. Je me demande quelle sera la politique d’une telle liste à Bruxelles.
Je pose quelques questions très concrètes. Dans quel groupe seront-ils et pour quel vote vont-ils s’exprimer ? Seront-ils pour ou contre la souveraineté ? Pour ou contre la continuation de la politique migratoire encouragée par Macron et Merkel ? Pour ou contre des sanctions à Orbán ? Quelle sera leur position sur des questions liées à la dignité de l’homme et sur des sujets éthiques ?
Aujourd’hui, ce n’est pas très clair. Pour ne pas brouiller les pistes, il y a des personnalités politiques engagées depuis fort longtemps pour défendre les sujets au cœur des préoccupations des gilets jaunes. Je pense, par exemple, à la plate-forme des Amoureux de la France, cofondée par Jean-Frédéric Poisson, par exemple.

Avez-vous peur que cette liste des gilets jaunes vous porte préjudice aux européennes ?

Je pense que cette liste va porter préjudice à toutes les autres listes. Comme il y a des gens qui viennent de tous les horizons, les voix vont venir d’un peu partout. Il faut donc chercher la raison pour laquelle cela se met en place. À qui cela va-t-il profiter ?
Il faut absolument éviter que Macron soit le vainqueur de cette élection en étant le premier.
Nous avons une liste qui veut mettre l’homme au milieu des politiques, qui est contre l’hyperlibéralisme de Macron, pour la protection des travailleurs, contre la marchandisation de l’humain. Toutes ces préoccupations centrales des gilets jaunes sont portées par les Amoureux de la France avec la fusion de Debout la France et du PCD. Avec une liste de ce type, on est sûr d’avoir de la constance et de la cohérence. Il n’est donc pas utile, de mon point de vue, d’apporter des voix à la liste gilets jaunes, dont le résultat sera nécessairement fumeux. C’est, pour moi, le grand enfumage !

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