Et si l'on remplaçait Emmanuel Macron par Nicolas Sarkozy, au cas où il ne parviendrait pas à dénouer la crise sociale et politique que traverse la France ? Bonne idée, diront les sarkozystes convaincus, s'il en reste. Ne parlez pas de malheur, répliqueront la majorité des Français, même s'ils pensent que notre actuel Président est tombé à un degré si bas d'impopularité que n'importe qui lui serait préférable. Mais, à y regarder de près, on ne gagnerait pas beaucoup au change : il n'y a que Sarkozy pour croire qu'il pourrait être un recours.

Pourtant, ce n'est pas une blague. Valeurs actuelles nous apprend que l'ancien président de la République aurait confié à des proches qu'il pourrait revenir dans l'arène politique en cas de force majeure. Carla s'en alarme : "Nicolas, j'espère que tu vas rester sage." Et Nicolas de répondre : "Mais vous avez vu la situation ? Je ne vais peut-être pas avoir le choix, je vais peut-être être obligé de revenir." Voilà qu'il se prend pour de Gaulle, impatient d'être rappelé, en 1958, ou pour un vieux chanteur, qui promet de quitter la scène mais brûle toujours de repartir pour une dernière tournée.

Battu par François Hollande en mai 2012 – François Hollande, faut le faire, tout de même ! –, éliminé dès le premier tour de la primaire, il a chaque fois clamé qu'il ne toucherait plus à la politique. Mais c'est plus fort que lui : la bête politique bouge toujours au fond de lui, une passion qu'il habille en « devoir » pour la rendre honorable. Il oublie qu'il fut, comme Macron, la tête de Turc d'une grande part des Français, qu'il usait, lui aussi, de petites phrases vexatoires ou démagogiques. Il a laissé le souvenir impérissable d'un « Président bling-bling », qui vaut bien le « Président des riches ».

Il faut reconnaître, cependant, qu'à côté de Macron, il passerait pour un ange. Ce n'est pas lui qui se serait retranché à l'Élysée, déprimé, paraît-il, de n'être pas aimé des Français, laissant ses ministres le défendre et ses députés se ridiculiser pendant qu'il préparait la riposte la plus opportune. À voir le sourire narquois de Benjamin Griveaux, à entendre Christophe Castaner jouer aux Cassandre, on peut présumer qu'il cherche le meilleur moyen de leurrer les Français en les persuadant qu'il faut maintenir le cap tout en modifiant le trajet.

On saura, lundi soir, si ses annonces sont convaincantes. Selon Le Parisien, il aurait affirmé qu'il était conscient de ses frasques verbales, admis que la limitation à 80 km/h était une "connerie", la baisse des APL une "connerie" aussi. S'apprête-t-il à faire son mea culpa ? Mais il ne suffit pas de changer de mode de communication ni de faire preuve d'humilité pour bien gouverner. Les mesures qu'il présentera montreront s'il a bien compris qu'il devait infléchir fortement sa politique ou s'il se contente de faire diversion.

Nicolas Sarkozy a tout à fait le droit de donner son avis, voire des conseils – plus que François Hollande, qui ne cache pas non plus sa soif de revenir au premier plan, alors qu'il n'a même pas eu le courage de se représenter. Mais qu'il réprime ses envies de jouer de nouveau un rôle politique ! Les Français l'apprécieront davantage dans le personnage du sage, qui a su tirer des leçons de ses propres échecs, que dans celui de sauveur.

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10 décembre 2018 à 19:04

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