Dans son article du 29 avril (“Is There a Case for Le Pen?”), le journaliste du New York Times Ross Douthat analyse la candidature Marine Le Pen. Il ne la voit pas gagner, mais…

Il observe d’abord que, dans le cas du Brexit, le risque portait sur une politique, et non sur un politicien : "Un vote pour le Brexit n’avait pas pour but de nommer Nigel Farage au poste de Premier ministre. C’était un saut dans l’inconnu, mais supervisé par des politiciens conservateurs classiques." Puis : "Dans le cas de Trump, s’il y avait risque sur ses politiques, c’était sur le candidat lui-même que se posait la question centrale : son aptitude à gouverner, sa capacité à assumer le b.a.-ba des responsabilités de la présidence, les effets sur les normes civiques de sa démagogie comme de son affairisme autocentré."

Et Marine Le Pen ? "Dans le cas de Marine Le Pen – qui affronte dans la présidentielle française Emmanuel Macron, le John Lindsay des eurocrates -, le risque principal est son parti." Le journaliste procède alors à la généalogie du Front qui, "en dépit d’années de rénovation et de purges", a un passé. Il insiste : "Les partis sont importants, comme leur histoire ou leurs courants souterrains..."

Donc, Douthat semble conclure qu’il serait préférable de ne pas voir madame Le Pen à l’Élysée. Pas exactement: "La personnalité des individus et leurs politiques sont importantes. Et ici, à de multiples égards, la justification d’un #NeverLePen [« barrage »] se justifie moins que celle du #NeverTrump."

Il affirme : "Pour commencer, personne ne doute sérieusement de la compétence de Le Pen, sa maîtrise des politiques, sa capacité à servir sans transformer la fonction présidentielle en télé-réalité." Il insiste ensuite sur le self-control de la candidate, précisant : "C’est elle qui est à la base du rejet des vichystes et des antisémites de son parti, parti qu’elle a ramené au sein de la politique conventionnelle sur bien des sujets… Certains disent qu’elle a remplacé l’antisémitisme par l’islamophobie. Mais ses attaques contre le fondamentalisme autant que sa promotion d’une laïcité stricte sont reprises par bien des politiciens traditionnels..."

Le journaliste va plus loin encore, suggérant que la conduite de madame Le Pen est essentiellement gaullienne : "Le personnage qu’elle tente de prendre pour modèle, ce n’est ni son père, ni le maréchal Pétain, mais le général de Gaulle, lequel s’est farouchement opposé à l’intégration européenne, et qui a accordé son indépendance à l’Algérie parce qu’il doutait de l’intégration de millions d’immigrants musulmans, et dont le "France d’abord" donnait des sueurs constantes aux autres leaders occidentaux."

Le chroniqueur fait enfin le procès des "politiciens éclairés" européens, cette "élite déconnectée" qui a inventé une monnaie unique "dévastatrice" tout en expérimentant "une immigration massive qui a changé la société française, dépassant sa capacité d’intégration… il n’y a aucun équivalent aux États-Unis au désastre épique de l’euro… ou à cette forme d’impérialisme allemand… ou à la menace terroriste… ou à l’antisémitisme islamiste… ou aux enclaves d’immigrants autogouvernées".

Quant aux propositions de Marine Le Pen ? "Elles sont controversées mais correctes." Quid, alors, du "barrage" ?

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01 mai 2017 à 11:44

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