"J’assume complètement la hausse des prix du carburant", dit notre chef de l’État. "La lutte contre le réchauffement climatique demande des décision courageuses", déclare notre chef du gouvernement. Ces derniers jours, l’exécutif fait bloc derrière la décision d’augmenter le prix des carburants au cri du « c’est pour la planète » « pour changer nos comportements ». Autrement dit, si vous vous opposez à cette folie, c’est que vous êtes un fumeur roulant au diesel, comme l’affirme le porte-parole du gouvernement. Hausse de la CSG, de la TICPE, des impôts fonciers, de la taxe d'habitation pour les 20 % des Français qui continuent à la payer "plein pot", du prix du tabac, maintien de l'ISF sur l'immobilier, sans parler des huit impôts et taxes inventés dans les premiers mois du quinquennat : l'oppression fiscale devient insoutenable.

La France est, désormais, le premier pays d’Europe en poids de prélèvements obligatoires (près de 50 % du PIB), en termes de dépenses publiques (57 % du PIB), et que fait l’opposition partisane de gauche comme de droite ? Elle hurle à… l’ultralibéralisme. Face à une telle absurdité et aux faibles réactions vient la contestation par le biais des réseaux sociaux, nouveaux vecteurs de démocratie directe (on comprend mieux la haine de l’establishment envers ces derniers et la volonté de les verrouiller).

Depuis l’après-guerre règne un quasi-consensus en France autour de l’interventionnisme d’État. Seul le degré varie au sein de la classe politique. Résultat : le matraquage fiscal, tant des ménages que des entreprises, explose.

Face à cette terrible injustice émerge une volonté populaire d’en finir avec une fiscalité démesurée (le carburant aura été la goutte de trop), d'où une certaine similitude avec le mouvement Tea Party. En effet, ce dernier, né historiquement en 1773 contre les taxes sur le thé, a connu un nouveau souffle sous l’ère Obama, dans un climat de défiance face à l’État fédéral et l’avènement de l’Obamacare et a accouché du « Freedom Caucus », désignant les groupes de conservateurs fiscaux membre du parti républicain opposés à toute hausse d’impôts.

En France, pareille comparaison peut être faite via le poujadisme, qui s’est développé sous la IVe République et a connu son heure de gloire lors des législatives de 1956 dans un contexte de défense des classes moyennes. Or, actuellement, cette thématique est plus que jamais d’actualité. En effet, face à ces hausses répétées d’impôts, il est désormais temps, pour les droites françaises, de renouer avec le poujadisme et de profiter de cette colère populaire en partant de la base afin de faire émerger un "tea partisme" à la française contre l’État profond, jacobin et obèse, qui fait vivre un enfer aux contribuables et déresponsabilise les individus, en entretenant une grande partie de la population dans l’assistanat.

Face à cette spoliation, le travail n'étant guère encouragé, nos cerveaux s’exilent en masse, accélérant encore plus le déclin français. La France, pays des révoltes fiscales (nu-pieds, croquants, 1789, viticulteurs en 1907, plus récemment révolte des bonnets rouges de 2013 ou encore le très médiatique exil fiscal de Gérard Depardieu), devrait, via ce mouvement spontané des gilets jaunes, faire connaître le premier mouvement social du quinquennat au chef de l'État. Une implantation du conservatisme fiscal au sein du corpus intellectuel de la droite, en panne d’idées, serait donc souhaitable. L’État étant fort avec les faibles et faible avec les forts, et ne s’inclinant uniquement que devant le rapport de force (l’exemple des banlieues le montre cruellement), il est désormais temps, pour la France périphérique et les classes moyennes, écrasées d’impôts et bénéficiant de peu de revenus de transfert, de faire entendre leur voix… et, pour la droite, de s’emparer enfin de la lutte contre l’oppression fiscale.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 14/11/2018 à 16:51.

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10 novembre 2018 à 11:49

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