Emmanuel Macron, dont l’inanité des résultats commence à se voir salement, s’attend à un revers cruel aux municipales de 2020, quand les Français en auront plus qu’assez de sa politique. Servir les puissants qui l’ont fait élire, être dur avec les faibles qui sont perdus et émiettés socialement et ne peuvent se rebeller autrement qu’en votant Le Pen, le tout enrobé dans la com’ : tels sont les ingrédients réels du macronisme. Tout cela ne conduit pas à faire un tabac aux élections locales, s’inquiète Macron.

Pour tenter de conjurer le mauvais sort, le Jupiter de l’État a besoin d’une victoire symbolique, d’un arbre qui cachera la forêt de sa défaite. Paris est l’endroit rêvé, du moins en apparence. Il y a fait des scores de république bananière au second tour de la présidentielle, même dans les arrondissements de l’ouest. Enfin… à regarder les résultats de près - ce que n’ont pas fait encore les commentateurs -, on observera que la vague macronienne y refluait déjà un peu au moment des législatives. Mais enfin, aucun terrain ne paraît mieux choisi pour brandir un succès.

Macron et ses pseudopodes dans les médias se sont donc engagés dans l’envoi de ballons-sondes, de candidats tests pour voir comment l’opinion, cette entité désormais fabriquée, réagit. Nous avons eu droit concomitamment ou successivement à : Benjamin Griveaux, Édouard Philippe, Hugues Renson, Gaspard Gantzer, Xavier Niel, Pierre-Yves Bournazel, Élisabeth Borne et, maintenant, Mounir Mahjoubi, présenté comme le nouvel homme de la situation.

Le secrétaire d’État au Numérique, ex-troisième couteau de la Hollandie, coche toutes les cases de la boboïtude réelle ou supposée des Parisiens. Il est musulman, entrepreneur branché, sciencepotard et même homosexuel pacsé, nous apprend Paris Match dans un reportage émouvant. Le patronyme de son « Dulciné » laissant penser qu’il pourrait être juif, on atteint les sommets de l’Himalaya du vivre ensemble.

L’électorat d’aujourd’hui étant traité par la Macronie comme un mille-feuille communautaire, Mounir Mahjoubi est pour elle un tour de force, un miracle. Qu’il n’ait aucune idée sur Paris, ses problèmes, sa gestion, son passé, son avenir n’a aucune importance dans la démocratie manipulée qui est l’essence du macronisme, cette sorte de dictature à bas bruit dont les entreprises sont, pour l’heure, encore limitées à la domestication de l’État et des médias industriels.

On voit donc Mahjoubi lancé comme jadis son patron, à coups d’articles laudateurs dans la presse people. Comment donner chair à un ectoplasme...

Si les sondages discrètement commandés montrent que la mayonnaise ne prend pas, il sera lui aussi remisé au magasin des fausses bonnes idées. Si la pâte lève un tant soit peu, la grosse artillerie propagandiste se mettra en ordre de bataille.

Mais les faits sont têtus, au moins autant qu’un magazine de feu Pierre Bergé, et la carte communautaire outrancièrement agitée résistera mal à la dure campagne qui s’annonce.

Paris n’est pas un empilement de clientèles, c’est une ville dont un nombre encore important de citoyens se rend compte que des prestidigitateurs macroniens n’ont aucun moyen de régler la grave crise dans laquelle elle se débat : services publics en panne, bureaucratie inefficace, gestion idéologique, perte de qualité de vie accélérée.

Avec Aimer Paris, l’association que j’ai l’honneur de présider et qui propose une véritable alternative à Hidalgo et Macron pour notre capitale, nous attendons Mahjoubi de pied ferme. Lui ou un autre clone de la même fabrique.

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23 août 2018 à 10:02

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