Une campagne électorale est une véritable épreuve physique et psychologique. Pour tous ses acteurs, à tous les niveaux. Le simple fait de s'engager en faveur d'un candidat, d'un parti, que l'on soit simple militant, élu, responsable local ou national est déjà un acte fort, qui motive, mobilise et fragilise à la fois.

Une candidature est une épreuve supplémentaire. Avec la prise de risque qu'elle comporte, les passions contradictoires qu'elle soulève, les investissements matériels et personnels qu'elle exige. Le tempo qu'elle impose : il y a des délais, des dates à respecter, des réunions, des textes, des équipes à gérer. La défaite est l'épreuve par excellence, qu'elle soit attendue ou qu'elle vous surprenne. Qu'elle soit légère, et d'autant plus cruelle - un 48-49 % - ou plus nette. C'est une forme de deuil, avec sa remise en question inévitable et le renouveau qu'elle prépare. Ces épreuves forgeaient des personnalités auxquelles les Français s'attachaient, car elles leur conféraient certainement un supplément d'humanité. Ce fut le cas pour Mitterrand et Chirac, deux fois vaincus avant de finir par être élus. Grâce à leurs défaites antérieures.

Il y a, même chez nos grands animaux politiques, des moments où la fatigue et la fragilité affleurent. On l'a encore vu dans le dernier débat.

La mort de la députée socialiste Corinne Erhel, hier, lors d'un dernier meeting de soutien à Macron en faveur duquel elle s'était engagée, vient nous rappeler quelle épreuve constitue une campagne électorale. La presse locale rapporte que, devant intervenir en dernier lors de cette réunion publique, elle s'est effondrée à la tribune, en plein discours. Fin de campagne, fin de meeting : on imagine volontiers le stress, l'énergie dépensée, la tension accumulée.

Et l'on se demande, finalement, si tout cela n'est pas excessif. Est-ce que le jeu politique le vaut vraiment ? Les indifférents ou les non-engagés ont peut-être raison. Ils font le bon choix, pour leur tension, leur sérénité psychologique, la gestion tranquille de leurs émotions. Votent-ils pour autant uniquement animés par leur froide raison ? On a beaucoup entendu l'expression, ces derniers jours : "vote de raison". Mais voter, est-ce seulement faire l'addition des raisons qui devraient nous pousser à choisir ou refuser tel ou tel ?

Car la politique, et l'Histoire, sont d'abord affaire de passion.

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06 mai 2017 à 18:56

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