Le monde peut-il encore croire aux théories économiques ? (2)

La définition de la notion de développement économique devrait tenir compte des spécificités culturelles et religieuses du continent africain.

Pour définir le développement économique, nous partirons d’un constat de base, à savoir que tout processus, toute transformation, devrait partir des ressorts spirituels et du vécu culturel des populations concernées. Et avoir comme finalité ultime la satisfaction des besoins exprimés par les êtres humains qui sont de sept ordres.
1) Besoin de manger en quantité et qualité suffisantes ;
2) Besoin de boire de l’eau potable en quantité et qualité suffisantes ;
3) Besoin de se soigner correctement ;
4) Besoin d’avoir un habitat et un cadre de vie décents ;
5) Besoin de se vêtir dignement ;
6) Besoin d’effectuer correctement ses déplacements ;
7) Besoin d’avoir une éducation et une formation de qualité.

Avec, en filigrane, deux autres besoins non moins importants, en général satisfaits lorsque les sept ci-dessus ont trouvé des solutions : il s’agit de la paix et de la sécurité.

La satisfaction de ces sept besoins, sur lesquels devraient veiller les décideurs politiques africains, pourrait être source de paix durable.

De notre point de vue, une société qui arrive à satisfaire ces différents besoins est tout naturellement développée. Elle n’a pas besoin d’avoir, au préalable, de grandes autoroutes, des tours immenses ou des voies ferrées à grand écartement, ni verser dans les effets de mode avec des projets « pharaoniques » pour confirmer son ancrage dans le développement.

L’homme peut trouver son bonheur et s’estimer être parfaitement heureux avec peu de choses. Nous proposons à la communauté internationale le concept de « Développement Recentré sur l’Humain (DRH) » pour mieux humaniser et rendre utile notre monde.

Il est grand temps que nous sortions des schémas tracés, figés, préconçus, qui font du tort à l’Afrique depuis plus d’un demi-siècle. Évitons les « copier-coller » dans nos rapports avec l’Occident. Des questions cruciales comme, par exemple, l’omniprésence de Dieu dans la conduite de nos sociétés et le rôle non négligeable que joue le facteur « solidarité » dans l’atténuation des difficultés socio-économiques de nos pays devraient être prises en compte dans notre appréciation des questions liées au développement. Il en va de même de notre propre appréciation de la problématique du chômage dans un contexte de forte importance d’un secteur informel dynamique et travailleur, de la nécessité d’adapter nos jours fériés à notre contexte culturel ; sans oublier la manière intelligente de nous insérer dans la mondialisation, la nécessité d’anticiper dans le cadre d’une démarche prospective les menaces qui pèsent sur nos sociétés et l’urgence d’avoir notre propre grille d’analyse sur ce que doit être la démocratie pour des sociétés à fortes spécificités culturelles.

Le rôle de la famille devient indispensable dans l’éducation de base du citoyen. Des matières comme l’éducation civique et la morale, de même que l’apprentissage des langues locales dominantes et de l’histoire des héros africains, devraient être intégrées aux contenus pédagogiques.

Magaye Gaye
Magaye Gaye
économiste sénégalais - Ancien cadre de la BOAD et du FAGACE

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