Les monastères français en péril: la Pologne et les USA « cassent » le marché des hosties

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Ce n’est pas nouveau, mais cela empire et devient extrêmement critique pour les monastères de contemplatives qui, jusqu’ici, pouvaient en vivre : de plus en plus, les diocèses français achètent leurs hosties en Pologne, aux USA ou en Italie. Récemment, ce sont des Chinois qui ont passé commande à l’abbaye Notre-Dame-de-Bon-Secours, dans le Vaucluse, commande assortie d’une "demande de visite" de la télévision chinoise ! Mais la sœur Marie-Samuel, qui gère cette grande maison cistercienne, a flairé l’arnaque…

C’est elle, déjà, qui, en 2010, sonnait l’alarme, découvrant que les sanctuaires de Lourdes envisageaient de se fournir à l’étranger, en Pologne précisément. On s’apercevait alors qu’une tradition millénaire était rompue : celle qui veut que l’Église de France se procure ses hosties auprès des monastères français qui les produisent, activité dont vivent ces moniales contemplatives. Sœur Marie-Samuel se confiait au journal La Croix : "Autrefois, il y avait un centre de production par diocèse. Maintenant, 35 monastères se partagent la production de 140 millions d'hosties par an, et 30 autres vivent aussi de leur commercialisation." Mais les ventes ont grandement chuté : "20 % de diminution en 2009, et 15 % en 2008", disait-elle alors. "Nous ne cherchons pas à gagner à tout prix de l'argent, simplement à pouvoir continuer de vivre", soulignait une autre religieuse, à l’origine d’une campagne pour "sensibiliser les diocèses, leur dire que c'est un choix d'Église aussi de nous rester fidèles, une manière de soutenir les monastères", sachant que cette activité est vitale pour certains, qui n’ont pas d'autre source de revenus.

Sept ans plus tard, la situation s’est encore aggravée, moins par une baisse de fréquentation des églises que par une concurrence sauvage des fabricants polonais, américains et italiens… en attendant sans doute que les Chinois s’y mettent, comme évoqué ci-dessus.

En ce Jeudi saint, c’est Rémi Sulmont qui alerte sur RTL : "La production française d’hosties a baissé de 30 % en 10 ans", dit-il, principalement en raison des "prix cassés proposés par les concurrents en Pologne, en Italie et aux États-Unis revendus par des sites Internet français." L’équation, là comme ailleurs, est simple : "Pour le lot de 1.000 hosties cuites dans les ateliers des monastères français, on est à 18 euros quand les usines de l’Américain Cavanagh, le numéro un mondial de l’hostie, lui, affiche 11 euros." Et revoilà sœur Marie-Samuel dont l’abbaye – n° 1 français de l’hostie ! – produit 21 millions de ces pastilles sacrées par an quand le géant américain en produit… 850 millions.

Alors sœur Marie-Samuel a renfilé sa robe de VRP et écrit à tous les diocèses français afin qu’ils "sensibilisent les paroisses qui ignorent les conséquences de leurs achats".

Et sensibilisent peut-être aussi tous les catholiques qui iront, en ce dimanche de Pâques, recevoir la communion.

C’est vrai, tant qu’elle n’est pas consacrée, l’hostie n’est qu’un bout de pain azyme, mais préférer le pain français peut aussi être un geste de charité chrétienne !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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