« Mon seul souci, c’est vous »… Qu’il le montre !

rouge à lèvres baiser

Lundi, à 20 heures précises, il a enfin parlé. On eût dit non pas le Président mais sa statue de cire du musée de Madame Tussauds. Très pâle, l’œil fixe, amaigri, il avait l’air de ne pas savoir quoi faire de ses mains, scotchées à la table comme s'il était assis sur une bonbonne de glycérine et craignait qu’elle explose au moindre mouvement.
 
C’était lui, pourtant, et il était venu nous parler d’amour.

Il l’a dit : "Mon seul souci, c’est vous."

Quand Barbara chantait "Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous", elle aussi avait le visage très pâle, mais elle regardait la salle avec une intensité telle que chacun de nous se sentait visé. Là, on avait plutôt le doute.

Et envie d’avoir des preuves. Des preuves comme… des cadeaux, par exemple.

¡Caramba! Retraités à plus de 2.000 euros ou salariés au dessus de 1.148,96 euros, pour nous, c’était encore raté. Et le petit Noël, ce sera pour les salariés des entreprises. Pour la grande masse des fonctionnaires, c’est niet.

Heureusement que Sarko, qui a rendu visite à Manu avant son speech, lui a soufflé de rétablir la défiscalisation des heures sup'.
 
Des preuves comme nous donner la parole, aussi. Pour de vrai.
 
Avec la proportionnelle, par exemple, on pourrait avoir des députés qui ne soient pas des hors-sol ayant juste posé sur la photo à coté de Manu.

Mais proportionnelle totale, hein ?

Pas des miettes. Pas les 15 % comme prévu.
 
Avec le vote blanc aussi : on pourrait alors manifester notre désaccord autrement que par l’abstention. Et, enfin, grâce au fameux référendum d’initiative citoyenne, le RIC, qui fait fureur chez les gilets jaunes.

Sarkozy a dû le dire à Manu : « Mais il existe déjà ! C’est même moi qui l’ai introduit dans la Constitution en juillet 2008 ! »

Peut-être, mais personne ne s’en est vraiment rendu compte.

À l’article 11 qui disposait : "Le Président de la République, […] peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics […] on a seulement ajouté : Un référendum […] peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits…".

Alors, un cinquième des membres du Parlement, ça fait 185 parlementaires. On voit mal un parti d’opposition, aujourd’hui, réunir autant d’élus.

Il faudra, bien sûr, remplacer cette procédure par un simple contrôle de conformité du texte par quelques élus, comme ça se fait en Suisse, patrie du référendum d’initiative populaire.

Et un dixième des électeurs inscrits, ça fait quand même 4.800.000 citoyens. Il faut, bien sûr, que 408.000 et non 4.800.000 soient nécessaires…

Enfin, il faudra aussi élargir le champ du référendum aux questions que le Président lui-même a mentionnées dans son discours : "la laïcité bousculée", "l’identité de la nation" et "l’immigration".

De cet énorme chantier, Manu a dit : "Je veux en assurer moi-même la coordination et vous rendre compte moi-même."
 
À peine dégringolé de l’Olympe, il va devoir se retrousser les manches, Jupiter.

Catherine Rouvier
Catherine Rouvier
Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

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