M'jid el Guerrab est-il député LREM (La République en marche) ? Oui, mais dans la catégorie LBEM (La Banlieue en marche)…

Un cas d'école qui vaut la peine d'être étudié. Car il est très représentatif de certaines spécificités.

M'jid el Guerrab, issu d'une famille modeste et pauvre de la banlieue d'Aurillac, a travaillé dur pour arriver là où il est arrivé. Il a étudié et sa réussite lui a valu de faire partie de plusieurs cabinets ministériels sous Hollande. On peut également penser qu'avec lui, et avec d'autres, le PS avait à cœur de promouvoir la diversité.

L'autre jour, il passait en scooter, rue Broca, quand il aperçut une vielle connaissance : Boris Faure. Ce dernier est le premier secrétaire de la fédération PS des Français de l'étranger. M'jid el Guerrab, lui, est député des Français de l'étranger (région Maghreb) pour le parti d'Emmanuel Macron. Il a, en effet, abandonné le PS pour être sûr d'être élu. Il fut alors incendié par Boris Faure, qui le traita d'opportuniste. Depuis, les deux hommes se détestent.

Des mots peu aimables furent échangés.

Alors M'jid el Guerrab assena un très violent coup de casque de scooter sur la tête de Boris Faure. Puis, pour parachever son œuvre, un deuxième coup tout aussi violent. Le visage en sang, Boris Faure s'écroula sur le pavé. Il est amené à l'hôpital en soins intensifs. "M'jid el Guerrab avait de la haine dans les yeux", a raconté un témoin. Ils furent plusieurs à assister à la scène.

Certains d'entre eux ont cru entendre que Boris Faure avait crié "sale Arabe, communautariste de merde !" La retenue n'en est que plus méritante. Il n'a pas traité sa victime de sale cefran… La presse a à peine évoqué cet événement. Un élu macroniste qui se sert d'un casque de scooter comme d'une arme, c'est en effet stigmatisant. Un dirigeant socialiste qui dit "sale Arabe" sans avoir demandé sa carte du FN, ça fait désordre.

Et maintenant, voici le rapport d'étape de l'affaire.

Le PS dénonce l'agression avec véhémence. LREM se contente de "condamner les violences". À part ça, M'jid el Guerrab, placé hier en garde à vue et mis en examen dans la foulée, est toujours député et a le droit de voter des lois en notre nom. Boris Faure est toujours à l'hôpital et on se demande si, quand il sortira - ce qu'on lui souhaite évidemment -, il sera poursuivi pour son "sale Arabe".

En attendant, nous voilà contraints de réviser nos a priori sur la banlieue. Dans la panoplie guerrière de ce coin-là, il n'y a pas que des couteaux, des kalach', des ceintures explosives. Le casque de scooter vient de répondre présent à l'appel. Nous nous empressons de souligner qu'en dépit des apparences, M'jid el Guerrab n'est pas une vulgaire racaille. Il est parlementaire et élu de la République.

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02 septembre 2017 à 11:38

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