Un originaire de l’île de Beauté et y vivant en immersion à l’année ne peut rester indifférent à la tribune de monsieur Bastien Gorse du 12 décembre, intitulée : "Corse, un an après, un patriotisme qui a fait des émules". La présente réaction ne s’en prend pas au concept positif de la décentralisation, mais à la bien curieuse façon de la promouvoir en Corse.

D’abord, sa très superficielle analyse des élections territoriales de décembre 2017 conduit l’auteur à une interprétation fallacieuse du résultat. Enfourchant leur cheval de bataille, il clame que "les nationalistes triomphèrent et obtinrent 56,5 % des voix". Ce jugement primaire est totalement infondé à la lumière des détails du scrutin, là où se cache généralement le diable. En effet, une majorité de 50,63 % du corps électoral n’a pas apporté son adhésion aux séparatistes (47,37 % d’abstention et 3,26 % de blancs et nuls). Ils n’ont, en fait, obtenu que les voix de 26,18 % du corps électoral, soit un insulaire sur quatre. Comme « triomphe », il y a sans doute mieux ! Le scrutin ne portait, d’ailleurs, pas sur la place de la Corse dans la France, mais sur l’institution d’une collectivité unique que les insulaires avaient déjà rejetée en 2003. En réalité, le parti sorti vainqueur de la consultation est celui de l'abstention, problème général inquiétant.

Mais ce qui est proprement désopilant, dans l’article, est à la présentation de la victoire du séparatisme corse comme une manifestation du patriotisme français ! Le patriotisme par la séparation, il fallait y penser ! Les séparatistes doivent se tordre de rire, eux qui affichent ouvertement que leur conception de la décentralisation est l’indépendance, soit directe pour les uns, soit après la transition de l’autonomie pour les autres. Ils manifestent même outrancièrement leurs sentiments antifrançais, comme l’atteste par exemple cette symbolique et spectaculaire inscription actuelle en grosses lettres sur toute la façade de l’université de Corse : "Francia fora" ("France dehors"). Elle n’émeut guère, d’ailleurs, les responsables (?) universitaires, étatiques et politiques du coin ou nationaux. Mais c’est une autre question.

Voilà les faits, N’en déplaise à l’auteur, un débat d’idées sérieux impose le respect scrupuleux des données de la question et exige la cohérence de la pensée.

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13 décembre 2018 à 17:19

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