Méprisé par Juppé et Raffarin, adoubé par Mélenchon, Laurent Wauquiez a réussi son coup !

Dans les années 80, Giscard occupa, avec Gaston Defferre, le rôle du vieillard has been et grincheux dans le "Bébête Show" de Stéphane Collaro, sur TF1. Giscard est toujours là, mais on avait depuis longtemps oublié cette émission vintage. Jusqu'à l'affaire Wauquiez ! En deux jours, elle a permis de sélectionner deux nouveaux candidats : MM. Raffarin et Juppé.

Affaire d'âge ? Ils ont mis plus d'une semaine à réagir ! Un train de sénateur pour ces deux anciens Premiers ministres de Chirac.

Depuis sa mairie de Bordeaux, M. Juppé a enfin commenté le savoureux : "À Bordeaux, Juppé a cramé la caisse." Défense convenue : "Propos tout à fait lamentables, qui reposent sur de fausses informations, et d'une vulgarité extrême." Et M. Juppé, qui visiblement n'a pas compris la provocation de Laurent Wauquiez, a parfaitement joué la partition qu'on attendait de lui, redevenant l'inspecteur des finances sans génie qu'il n'aura cessé d'être :

L'endettement de la ville du Puy-en-Velay [dirigée par Laurent Wauquiez jusqu'en 2016] est supérieur de 20 % à la moyenne des communes de sa catégorie. Voilà pour ceux qui donnent des leçons. La vérité, c'est que la capacité de désendettement de la ville [de Bordeaux] est bonne. Je n'ai pas de leçons à recevoir.

Quant à M. Raffarin, il a tenu son rang de vieux sage : "Ce bavardage populiste m'a choqué." On a connu meilleure raffarinade...

Voilà pour nos vieillards indignés.

Mais, cerise sur le gâteau, ou gros nez rouge pour compléter sa parka, M. Wauquiez s'est vu soutenir par Jean-Luc Mélenchon, qui est l'un des seuls hommes politiques à avoir volé à son secours, dans un long billet sur son blog. Le seul, aussi, à fournir, surtout après le bla-bla convenu de MM. Juppé et Raffarin, le meilleur décryptage de cette "lourde attaque du parti médiatique".

L'affaire est ridicule : trois phrases volées dans une conférence. […] l'opération est destinée à empêcher la droite de se regrouper autour de son parti traditionnel. [...] Wauquiez a appris l'essentiel : ne pas reculer. […] Dans l'épisode des “écoutes aux portes”, [il] a fortifié son autorité et s'est débarrassé d'une nouvelle poignée de traîtres. De son point de vue, il s'est renforcé. Autant de tireurs dans le dos de moins pour le prochain épisode.

Et l'on peut penser que beaucoup d'électeurs de droite, écœurés par la trahison idéologique des Juppé et Raffarin quand ils étaient au pouvoir et aujourd'hui quand ils se rallient au centrisme d'Emmanuel Macron, partagent, sur ce point, l'avis de M. Mélenchon.

Tiens, un sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost et CNews indique que MM. Macron et Philippe perdent respectivement 11 et 6 points d'opinions favorables, mais que la chute est considérable auprès des sympathisants LR : -31 points pour le Président et –23 pour le Premier ministre ! Eh oui, il existe bien un peuple de droite, et il est en train de voir que le pouvoir Macron-Philippe ne répond pas aux attentes du peuple et n'est pas vraiment de droite. Ce qui fait quand même beaucoup, surtout quand cela dure autant que les carrières de MM. Juppé et Raffarin...

M. Wauquiez l'a compris. Si son "bullshit" permet d'aller au bout de cette purge des has been LR pour qui les mots « peuple » et « droite » sont des gros mots, alors vive le populisme !

Avoir réussi à réinventer les vieillards grincheux du "Muppet Show" et à recueillir le soutien de Mélenchon : que demande le peuple ?

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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