Mélenchon : de la tchatche, de l’ego, et si peu de mémoire !

Chambord, donc. Le conte de fées de mon enfance solognote. L’émerveillement au détour de la forêt. Une magie qui n’a jamais cessé d’opérer. Des souvenirs en pagaille et toujours la même émotion quand j’y retourne. La joie, enfin, de voir ce château sortir depuis quelques années de sa torpeur, se transformer, se doter de magnifiques jardins et d’un environnement enfin digne pour accueillir les visiteurs.

En face, Mélenchon le Grincheux, l’atrabilaire incurable, le teigneux perpétuel. Un grimaçant qui, en plus de cela, est un oublieux. Mélenchon qui, critiquant la fête familiale et tout à fait privée du Président Macron, déclare : "Moi, je suis tellement républicain que tout ce qui touche au symbole royaliste m’exaspère. Je trouve ça ridicule. Mais il en faut pour tous les goûts."

À l’évidence, il n’a pas de mémoire, Mélenchon, alors je vais la lui rafraîchir.

Je sais bien, c’est un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, mais Mélenchon le sait bien, lui, ce que fut l’ère Mitterrand, par exemple, en matière de fastes royaux : il était alors aux premières loges.

Mitterrandiste parmi les mitterrandistes. Premier secrétaire de la Fédération de l’Essonne en 1981, ce thuriféraire de "Tonton" l’est demeuré jusqu’en 1986, travaillant avec acharnement à la gloire du bonhomme. Il ne peut donc avoir oublié les chasses présidentielles dans le parc de Chambord, ni le château de Souzy-la-Briche pour les week-ends de Mazarine et sa mère Anne Pingeot. L’écurie construite là-bas pour abriter Gend Jim, l’akhal-teke offert par le président du Turkménistan à la fillette qui « adorait l’équitation ». Et puis ces dames logées quai Branly, dans un bâtiment officiel de la République, et gardées pendant treize ans par une équipe du GIGN affectée en secret à elles seules !

Payé par qui, tout cela ? Par vous et moi. Comme les voyages à Venise pour y courtiser artistes et journalistes ; comme les vacances romantiques sur le Nil avec la famille bis ; comme les déplacements de l’enfant chérie dans les avions du GLAM. Et puis les voyages aux antipodes offerts à la presse pour chanter la gloire du régime.

Mélenchon a oublié. Aujourd’hui, il harangue « les gens » déguisé en garde-chasse. Fustige « le Président des riches », joue les nécessiteux mais s’est gavé comme les copains au temps béni de la gauche caviar. À l’époque où l’ineffable Jack Lang, ivre de ses fêtes à Neu-Neu, voulait transformer Chambord en un Disneyland Renaissance…

Un petit souvenir, encore ? Plus proche, celui-là. C’est le 22 juin 2009. Un long défilé de berlines s’engage dans les Buttes-Chaumont. On ferme aux badauds cet accès du parc. Un grand raout se prépare au très chic Pavillon Puebla, le rendez-vous "confessionnel" du gotha. C’est Dominique Strauss-Kahn, avant de s’envoler vers les États-Unis pour y tripoter une soubrette, qui fête ses 60 ans. « Dominique et Anne » reçoivent, et croyez-moi, ça n’est pas au prix de la salle des rabatteurs ou même de la galerie des trophées à Chambord.

Tout le PS est là, mais aussi la région et l’hôtel de ville de Paris. Comme dit alors Le Parisien, "plus qu'un anniversaire, la garden-party permet au couple de vérifier l'étendue de ses réseaux". Et puis il y a le monde économique, et puis le show-biz, et puis le fric à gogo : BHL et Arielle, les patrons du CAC 40, les journalistes Field et Elkabbach, Stéphane Fouks et Claude Askolovitch, Alin Minc et tous les autres, les Gracques et Cie. Et Mélenchon, peut-être, pour chanter Happy Birthday au patron du FMI ?

Confondant sans doute Macron et Maduro, Mélenchon a lancé dimanche : "Le pouvoir absolu rend absolument fou." J’ajouterai qu’avoir raté la marche pour y accéder rend encore plus dingue. N’est-ce pas, Jean-Luc ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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