Philippe de Villiers réagit, en exclusivité au micro de Boulevard Voltaire, sur l'abandon d'un "grand projet stupide et utopique". Il salue le courage et le bon sens du gouvernement et se réjouit que ce projet ait été "recalé", "retaillé" !

C'est, pour lui, l'aboutissement d'un combat de trente ans !

Il revient, par ailleurs, sur l'enjeu écologique et sur la collusion inacceptable d'une certaine droite avec le monde des affaires.

Philippe de Villiers, que pensez-vous de l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes annoncé aujourd'hui par le gouvernement ?

Cette décision me réjouit le cœur. C'est, pour moi, le couronnement de trente ans de combat et de lutte contre un projet absurde et mortifère pour le Grand Ouest et aussi pour la Vendée.
Il n'y aura jamais de hub européen à Notre-Dame-des-Landes. Le Premier ministre l'a très bien expliqué. J'avais préconisé une décision siamoise, avec un réaménagement de Nantes Atlantique et une évacuation de la ZAD. C'est la décision du gouvernement. Je ne peux donc que me réjouir. J'ajouterai que la décision choisie par le gouvernement n'était pas facile. Elle est courageuse et empreinte de bon sens. Je salue le Premier ministre et le président de la République qui ont "tranché" le nœud gordien, selon l'expression d'Édouard Philippe.

Cette décision vous met du côté des zadistes et vous oppose à une grande partie de la classe politique locale. Cela vous importe-t-il ?

Cela m'est complètement égal. Pendant la dernière guerre, dans la résistance, il y avait des FFI avec des FTP. Il y avait des résistants qui croyaient en Dieu et d'autres qui n'y croyaient pas. Quand il y a un projet mortifère, on ne regarde ni la couleur du voisin ni ses motivations.
Je trouve absurde, scandaleux et même troublant qu'une fois de plus, la droite politique, politicienne ait pris fait et cause pour un projet utopique. Je trouve troublant qu'on trouve de ce même côté les grands lobbys comme Vinci. "Veni, Vedi, Vinci" semble être le nouveau slogan de monsieur Wauquiez et de ses amis.
Quand je me suis battu pour les abeilles, j'avais des gauchos avec moi. Par contre, en face de moi, j'avais monsieur Gaymard, le ministre de l'Agriculture de Jacques Chirac. La droite avait décidé de tuer les abeilles pour être du côté de Bayer BASF.
Comment cette droite n'a-t-elle pas compris que l'écologie est de droite ? Un grand projet stupide et utopique comme Notre-Dame-des-Landes ne peut pas voir le jour, car il n'y aura jamais de hub avec des lignes transcontinentales et des longs courriers. Comment ne pas voir cela ? Comment être systématiquement du côté de ceux qui bétonnent et qui font des profits sur l'intérêt général et le bien commun ?
En ce qui me concerne, je suis un homme libre.

Critiquez-vous une alliance mortifère de la droite et des affaires ?

C'est la droite et les affaires, la droite des affaires, la droite pour les affaires et la droite qui a des affaires. Voilà ce que je critique.
Je suis très heureux que le projet ait été recalé et retaillé, si vous me passez l'expression.

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17 janvier 2018 à 17:28

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