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Quand Ségolène Royal perd les élections, c’est parce qu’elle est victime du machisme ambiant au Parti socialiste.

Quand Anne Hidalgo est critiquée pour sa gestion désastreuse de la ville de Paris, c’est aussi parce qu’elle est une femme à qui l’on dénie le droit d’exercer de hautes responsabilités.

Quand le comédien Jean-Claude Van Damme demande à Marlène Schiappa : « Si toutes les femmes travaillent, qui s’occupe des enfants à la maison ? », elle l’accuse aussitôt de mansplaining.

J’ai revu la vidéo de cette scène lors de la dernière d’« On n'est pas couché ». Une émission parfaitement au goût du jour puisque l’animateur, Laurent Ruquier, est un homosexuel revendiqué et que le plateau comporte ce qu’il faut de féministes hargneuses, notamment en la personne de Christine Angot. Alors, attirer dans cette fosse aux lionnes un homme "à l’ancienne" et les biceps y afférents, c’est s’offrir à coup sûr l’occasion d’un pugilat de genre.

Marlène Schiappa est une femme qui a accompli le miracle de la maternité. Elle n'en revient pas, semble-t-il. Elle le claironne de blog en livres et demeure persuadée que son "enseignement" est indispensable à la planète. C’est une féministe à la pensée ovarienne, à opposer à la desséchée Christine Angot, de l’espèce féministe castratrice.

Nous vivons, sur ce plan, un curieux temps. C’est celui de Big Mother, comme l’avait théorisé, voilà quelques décennies, Michel Schneider. Et même si tout ou presque, aujourd’hui, est occulté par le mouvement "MeToo" (qualifié, désormais, de révolution), certains commencent à s’inquiéter sérieusement de la montée d’une « crise de la masculinité » qui est tout sauf un fantasme.

Des livres arrivent sur le marché, tels Mythe de la virilité, Les hommes sont-ils obsolètes ?, etc., faisant écho aux travaux de Jordan Peterson, un universitaire canadien dont le New York Times dit qu’il est devenu "l'intellectuel le plus vénéré et le plus injurié" d'Internet.

Eugénie Bastié a consacré au sujet une passionnante enquête dans Le Figaro du 27 juin. « Retard à l'école, culture de l'immaturité, misère sexuelle : la révolution féministe et l'avènement d'une société égalitaire ont engendré une crise de la masculinité sans précédent », dit-elle. Et si tout cela est en grande partie occulté par la déferlante qui a suivi l’affaire Weinstein, il faut voir que « derrière la vague d'indignation contre une domination masculine qui serait encore visible à travers le harcèlement sexuel, se cache une autre vérité : celle d'un déclassement généralisé du mâle ».

Le thème commence à être en vogue au pays des gender studies (les États-Unis), où l’on attribue de plus en plus les tueries de masse au déclassement des mâles. On commence, d’ailleurs, à voir apparaître en réaction des sites qui prônent un retour à la virilité et à ses marqueurs, tel celui de Julien Rochedy, ancien président du FNJ, qui vient de créer Major. Mais « ces réactions masculinistes marginales font système avec un discours féministe militant sur une masculinité “toxique” qu'il conviendrait d'épurer, parfois doublé d'une tonalité carrément revancharde ». Et Eugénie Bastié de citer l’ex-ministre de la Justice Christiane Taubira, laquelle déclarait récemment qu’"il est temps que les hommes fassent l'expérience de la minorité".

Au-delà de ces outrances, le sujet suscite débats et interrogations. Ainsi le sociologue Marcel Gauchet qui constate que « la masculinité est passée d'un système d'évidences à une mise en doute systématique ». D’autant, ajoute Eugénie Bastié, que « les hommes se retrouvent face à des injonctions paradoxales : une virilité caricaturale, réduite à sa seule dimension sexuelle […], notamment dans la pornographie et le monde ultra-compétitif de l'entreprise, tandis que le discours féministe domine partout ailleurs ».

Reste l’ultime question : « La crise de la masculinité occidentale n'est-elle qu'une réplique sismique de la révolution sexuelle, vouée à s'éteindre d'elle-même, ou bien fait-elle craindre un retour de bâton qui s'exprimerait dans l'exaltation d'une masculinité primitive ? »

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03 juillet 2018 à 14:58

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