Marlène Schiappa fait un rappel de la loi à Cyril Hanouna pour l’IVG… mais pas pour la burqa

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On le sait, à chacun son fonds de commerce ; celui de Cyril Hanouna, c’est la transgression. Parce que la transgression, bien sûr, c’est bon pour l’Audimat®. Durant de longues années, Cyril Hanouna s’est donc consciencieusement appliqué à transgresser, avec le succès que l’on sait, devenant le roi de la vanne graveleuse, le champion du sous-entendu salace, le dieu du gloussement scabreux. Mais voilà, peu à peu, tout cela est devenu de plus en plus laborieux. Comment transgresser dans le registre sexuel, ma petite dame, quand il n’y a plus d’interdits et que tout est permis ?

Cyril Hanouna était allé au bout du bout de sa créativité en la matière. Dans une société trop libertaire, la chair est triste, comme dirait Mallarmé, et la surenchère vulgaire est si banale qu’on n’arrive même plus à en rigoler. Il était en train de perdre des parts de marché. Misère ! Que faire ?

Eurêka ! s’est dit Cyril Hanouna, pour me renouveler, il faut aller chercher la transgression là où elle est. Dont acte, le vendredi 12 octobre dernier.

"Pour ou contre l'IVG", "pour ou contre la burqa" : "Dans sa nouvelle émission “Balance ton Post”, l'animateur de C8 s'éloigne des sujets purement télévisés pour s'attaquer aux débats d'actualité. Il y remet en question des sujets aussi graves que l'accès à l'avortement en France ou l'interdiction du port du voile intégral", explique Marianne.

Les deux sujets ont fortement agité les réseaux sociaux. C’était le but. Mais un seul d’entre eux a fait réagir de concert, outrées, une secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes (Marlène Schiappa) et un ancien ministre des Droits des femmes (Laurence Rossignol). Saurez-vous trouver lequel ? L’IVG, bravo ! Mais comment avez-vous deviné ?

Marlène Schiappa avait, en effet, décidé de regarder cette émission car « [sa] collègue Brune Poirson était invitée en plateau". Mais "Quand [elle a] vu débarquer un militant anti-choix, [elle a] immédiatement contacté Cyril Hanouna", raconte-t-elle, encore toute commotionnée, à 20 Minutes : "J'ai notamment rappelé que l'entrave à l'interruption volontaire de grossesse est un délit, puni par la loi, et cela a été lu en direct."

Car elle n’imaginait pas, sapristi, qu’il y aurait un détracteur de l’IVG (en l’occurrence Émile Duport, des Survivants) : depuis quand, dans les débats, tout le monde n'est-il pas du même avis ?

La burqa, en revanche, comme la GPA vantée en toute impunité dans tous les médias par Marc-Olivier Fogiel, ne semble plus - on nous l’aurait caché ? - interdite par la loi. Ou bien, depuis la péripétie Rédoine Faïd, ces dames considèrent-elles que cet accessoire n’est plus spécifiquement féminin ? Quoi qu’il en soit, écoutant l’injonction de Cyril Hanouna, elles avaient visiblement, pour cette autre séquence, balancé leur poste par la fenêtre ou, moins spectaculaire et onéreux, l’avaient éteint : aucune d’entre elles n’a « immédiatement contacté Cyril Hanouna » en voyant « débarquer » une femme en burka ni n’a rappelé que le port de la burka était « puni par la loi ». Rien n’a été « lu en direct ».

Parce qu’il en va, visiblement, de cela comme du reste dans notre pays à deux vitesses : il y a loi et loi.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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