Au lendemain de l’élection du nouveau messie financier, celui qui ressuscite pour les rassembler dans une sorte d’UMPS tous les trépassés politiques de la droite centriste, du centre marécageux, des gauches molle et caviar et des écologistes placés, le problème est de savoir quels électeurs, et donc quels élus, aux législatives vont marcher avec lui.

À gauche, déjà, Jean-Luc Mélenchon, l’insoumis de la France du même nom, claironne que le combat commence pour écraser l’infâme qu’il a contribué à faire élire. À droite, les républicains déconfits, par la voix du maçon Baroin, appellent à reconstruire leur mouvement pour constituer à l’Assemblée une opposition à celui qui les a déconstruits et laminés, en rêvant même de parvenir à lui imposer une cohabitation, comme une vieille roue de secours sortie du coffre de la voiture, leur permettant de poursuivre leur route. Quant au FN, par la voix de ses principaux dirigeants, malgré son échec, il se positionne après ce second tour, avec 11 millions de Français derrière lui, comme le premier parti d’opposition…

Si l’on ajoute à cela les millions d’abstentionnistes, de votes blancs et nuls - un record aux présidentielles - et tous ceux qui sont allés voter Macron uniquement pour faire barrage en tremblant aux Pétain, Hitler et Mussolini de leurs cauchemars anachroniques, on mesure l’état de légitimité du nouveau Président, qui s’annonce comme le fils spirituel et le continuateur de François Hollande par son projet, mais aussi par sa probable impuissance. Car même si François Bayrou et d’autres claironnent que les Français ne sont pas assez bêtes pour l’élire, puis ne pas lui donner une majorité, il est à craindre que ni les électeurs du FN, d’une part, ni les insoumis et les républicains, d’autre part - à présent qu’ils ont barré la route à l’extrême droite -, écoutent le maire de Pau et votent pour son allié.

C’est une chose de battre une Marine Le Pen qu’on a fait monter dans les sondages mais pas trop, juste pour qu’elle soit au second tour, avant de la démolir comme candidate du fascisme et de la barbarie nazie, Oradour-sur-Glane et Vel' d’Hiv' à l’appui, et une autre de trouver une majorité à l’Assemblée. Bien sûr, des sondages d’avant deuxième tour prédisent déjà à La République en marche une majorité de députés. Mais on peut sérieusement en douter. Ainsi, avec son gouvernement de ressuscités et de morts-vivants, le jeune et dynamique PDG de la nouvelle start-up France risque de se retrouver bien vite en panne ou en liquidation judiciaire.

Mais en admettant que les sondages disent vrai, et que le mode de scrutin de la Ve République rende encore possible ce scénario, on se retrouverait alors, une fois de plus, avec une Assemblée, une représentation nationale qui ne serait pas du tout représentative, si l’on se réfère aux résultats du premier tour. Que voudrait dire une Chambre où le FN et les Insoumis, qui ont eu plus de 40 % des voix à eux deux, se retrouveraient avec dix à quinze députés chacun, tous les autres étant issus du magma gauche molle, centre buvard et droite caméléon ? L’illégitimité du Président et de sa prétendue majorité serait telle qu’on pourrait craindre très vite que ne se développe un climat quasi insurrectionnel, surtout au vu de l’état de délabrement et de tension qui est celui de notre pays, après un quinquennat que Jean-Luc Mélenchon a qualifié de "présidence la plus lamentable de la Ve République".

Force est donc de le constater et surtout de le prévoir ou de l’annoncer : La République en marche d'Emmanuel Macron risque de ne pas marcher bien longtemps, et c'est un quinquennat des plus incertains qui s’annonce. À vouloir trop berner les Français, le pouvoir financier et ses desservants médiatiques pourraient très vite voir les événements se retourner contre eux, et le nouveau Président faire trois petits tours, comme les marionnettes qui s’en vont.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 07/11/2023 à 10:43.

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09 mai 2017 à 15:20

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