La gouaille et les gros bras, les gnons et les flonflons, les valises de biftons, le chantage, le coup de force permanent, la compromission des politiques qui de droite à gauche posent en lui faisant risette, prétendant s’agréger ainsi « le vote populaire »… C’est qu’il est diablement rusé, le vieux Campion, mais cette fois, il est tombé sur un os : ça ne passe plus.

Après un vote à l’unanimité – c’est rare ! – du Conseil de Paris, le marché de Noël n’aura pas lieu cette année sur les Champs-Élysées et, voyez-vous, je suis la première à m’en réjouir !

Début juillet, les élus de la capitale ont donc décidé de ne pas reconduire ce marché, créé en 2008, et qui d’année en année n’a cessé de s’étendre et de se dégrader pour devenir une gigantesque foire à la saucisse qui empuantit ce qu’on continue d’appeler « la plus belle avenue du monde » mais qui le mérite de moins en moins.

Parce qu’il faut une sérieuse dose d’imagination pour voir dans ce bazar de bimbeloteries chinoises et autres cochonnailles frelatées un marché de Noël… Interrogée par Le Figaro, la mairie de Paris a expliqué être "légitime à exprimer sa volonté de changer la nature des prestations pour essayer d'améliorer la qualité de l'offre des produits vendus pendant les fêtes". Les élus voudraient désormais "promouvoir de l'artisanat régional et écologique là où l'on trouvait trop de “pacotille”".

Comme vous le savez, puisque vous me faites l’amitié de me lire, je n’hésite pas à critiquer nos édiles quand j’estime devoir le faire, et donc pas non plus à les approuver quand la mesure est de bon sens. Et elle l’est ! Ras le bol, en effet, des "Jingle Bells" (parce que les chants de Noël sont trop franchouillards, sans doute) et autres niaiseries sirupeuses qui, de la mi-novembre à la mi-janvier, passent en boucle dans les odeurs de graillon et de barbe à papa de cette fête foraine qui n’avoue pas son nom.

Furieux, Marcel Campion et ses troupes ont donc décidé de faire de ce 6 novembre un lundi noir : blocage du périphérique et opérations escargot dans Paris. Une coutume chez les forains, adeptes du coup de force… et pas franchement respectueux de la loi. Déjà, en octobre, le tribunal administratif a été saisi après que des câblages sauvages eurent été installés sur les Champs-Élysées. De même, la police est intervenue la semaine passée pour "bloquer à Vincennes le convoi des chalets blancs et empêcher leur installation non autorisée. Saisis, ils sont stockés sur l'esplanade de Vincennes et dans le bois de Boulogne."

Réponse du sulfureux Campion et de son copain Eugène Coignoux : "Lundi, tout le périphérique sera bloqué. C'est une grève reconductible. Les forains qui ne pourront pas venir lundi viendront mardi, et ceux qui ne pourront pas venir mardi viendront mercredi." Dont acte. Lundi à 7 heures : 230 kilomètres de bouchons autour de Paris.

Campion, cette fois - du moins, espérons-le -, n’aura pas gain de cause. Reste une question : comment se fait-il que, depuis tant d’années, tout le monde se couche devant le roi des forains et ses méthodes musclées ? Comment se fait-il que le ban et l’arrière-ban de la politique et du show-biz viennent lui cirer les pompes et s’encanailler à sa Chope des Puces ? Faut-il croire alors la rumeur, celle qui affirme que « Monsieur Cécel », le roi de cet univers où le liquide est roi, mis en examen en mai dernier pour recel de favoritisme et abus de biens sociaux, n’aurait pas distribué à nos politiques que des pommes d’amour et des sucettes ?

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06 novembre 2017 à 19:34

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