On vit, décidément, une époque formidable. Il faudrait, d’ailleurs, inventer un autre adjectif car celui-là est bien en dessous de la réalité.

On crie au scandale absolu et à l’indignité nationale parce que des gamins, partis pour tout défoncer, ont été parqués dans le jardin d’un pavillon et une maison associative, agenouillés ou les mains sur la tête.

Il eût sans doute fallu, au nom de la liberté de casser, les laisser faire. Et voilà Ruffin, de La France insoumise, qui commente : « Que penser d’un pouvoir qui traite ainsi sa jeunesse ? Qu’il ne tient que par la force des matraques. Qu’il n’a plus d’avenir. Qu’il est à l’agonie. »

Les matraques sont retenues. Trop, si l’on en croit ceux qui réclament à cor et à cri « le maintien de l’ordre ». Il paraît même que notre "retenue" est aujourd’hui enseignée comme un modèle à travers le monde, c’est dire... Zéro mort chez les casseurs. Syndrome Malik Oussekine, quand tu nous tiens… Tabou suprême hérité de l’ère Pasqua.

Mais les morts, chez les flics, ça, ce n’est pas un souci…

On est en France. Pays où l’on reproche tout à l’État parce qu’en vérité, on attend tout de lui. Pays, surtout – le seul au monde, peut-être –, où chacun croit pouvoir en toute circonstance s’exonérer de ses actes. Assumer les conséquences de son comportement ? C’est quoi, ça ?

Jamais avares de commentaires à chaud, nos politiques s’étouffent :

Éric Coquerel (LFI) demande au ministre de l’Intérieur de "condamner et punir les actes indignes de certains policiers présents à Mantes-la-Jolie".
Alexis Corbière (LFI) : « Qu’est-ce qui peut justifier une telle mise en scène ? Qui a donné les ordres aux forces de l’ordre de faire cela ? »
Ian Brossat (PCF) : ce sont des « images inacceptables » et des « procédés » que « rien ne peut justifier ».
Benoît Hamon (ex-candidat PS à la présidentielle) : c’est « glaçant, inadmissible. Cela n’est pas la République. La jeunesse française humiliée. Mais que cherche le pouvoir sinon la colère en retour ? »
David Cormand (EELV) : « Ces images nous insultent. Rien ne justifie que l’on humilie ainsi nos enfants. Halte au feu, Monsieur le Président. »
Cécile Duflot (ministre écolo de sinistre mémoire) : « Il faut dire les choses posément mais fermement : ce qui s’est passé avec les lycéens de Mantes-la-jolie – ces scènes dont il existe de nombreuses photos et vidéos – est simplement intolérable. »

Mais que s’est-il passé avec les lycéens de Mantes-la-Jolie ? L’interpellation de 153 personnes pour « participation à un attroupement armé », a dit le procureur de Versailles, cela dans le but d'« interrompre un processus incontrôlé ».
À quoi Olivier Faure, le nouveau patron du PS, rétorque : « Quels que soient les faits reprochés, rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée. »

Humiliés, les chéris ! Ces mômes qui passent leur temps à balancer les pires horreurs sur les réseaux sociaux sont "humiliés" ! La bonne blague.

Participer à des échauffourées, incendier les poubelles et les véhicules, dégrader les bâtiments ou monter des barricades pour bloquer l’entrée des lycées et collèges n’est pas une aimable promenade au jardin d’enfants. On ne sort pas du jeu en comptant les points. En cas de "problème", c’est la responsabilité pénale des parents qui est engagée, ou celle des manifestants s’ils sont majeurs.

Les partis de gauche qui hurlent au scandale feraient bien d’y réfléchir, eux qui réclament la majorité civile à 15 ans !

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08 décembre 2018 à 18:25

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