Manif pour tous : la voie étroite de la cohérence

Le communiqué de presse est tombé : la Manif pour tous appelle à s’opposer à Emmanuel Macron, qu’elle qualifie de candidat anti-famille. Mais elle se refuse à soutenir son adversaire.

Pour comprendre ce ni-ni, il faut faire référence à l’ADN de la Manif pour tous : elle souhaite promouvoir une anthropologie respectueuse de l’homme face à un "progrès" qui le réduit à ses simples fonctions économiques. Dans un monde où l’État a renoncé à son devoir régalien de protection, elle s’oppose fort logiquement depuis plus de quatre ans à la destruction systématique de la famille, ce rempart entre l’individu et le marché. Elle prend position sur des thèmes bien précis : mariage, famille, filiation, gestation pour autrui, procréation médicalement assistée sans père, genre, éducation, transhumanisme, et se tait sur les autres thèmes qui sont importants aussi, mais qui ne sont pas tout. Cela lui permet d’être transpartisane et de ne faire allégeance à aucun parti politique. Le corollaire est qu’elle s’interdit de présenter des candidats qui viendraient en concurrence directe avec ceux présentés par les partis.

Les propositions du candidat Emmanuel Macron sont sur ses thèmes de prédilection inacceptables. Sur la gestation pour autrui, son opposition actuelle n’est pas dictée par une éthique personnelle mais par un simple facteur conjoncturel : "La société n’est pas prête." En clair, la feuille de route a été préparée par Pierre Bergé et l’attentisme est de mise. Il sera possible de se livrer à cet odieux trafic ailleurs que sur le sol français, c’est une solution temporaire de contournement, les désagréments liés à l’état civil seront minimisés au nom de l’intérêt de l’enfant pris comme prétexte, et la société sera préparée à une meilleure acceptation de cette GPA dans le futur aussi proche que possible. La Manif pour tous, qui considère la GPA comme un triple esclavage (marchandisation des gamètes, de la grossesse et de l’enfant), ne peut que mesurer le fossé infranchissable qui la sépare de ce candidat sur ce point, certes le plus saillant. Mais le même exercice pourrait être fait sur ses autres chevaux de bataille.

L’étroitesse de la voie, c’est de ne pas franchir le Rubicon en soutenant ouvertement l’adversaire d’Emmanuel Macron : entre la pêche à la ligne, le bulletin blanc ou celui de Marine Le Pen, la Manif pour tous ne choisit pas. C’est cohérent. Certes, ne pas dénoncer les incompatibilités et les divergences entre elle et la candidate suppose qu’elles sont moindres. Certes, des procureurs autoproclamés dans tous les procès d’intention qui lui seront intentés ne manqueront pas de dénoncer qui un soutien implicite, qui un aveu de fascisme, qui une hérésie, etc. Les trolls ont de l’imagination, et les électeurs sont seuls dans l’isoloir. À leur seule conscience appartient leur vote. Encore de l’anthropologie respectueuse de l’humain et de son libre-arbitre.

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