"L'opération Barkhane ne s'arrêtera que le jour où il n'y aura plus de terroristes islamistes dans la région […] Vous êtes nos sentinelles, notre rempart contre les débordements du terrorisme et du fanatisme." En visite à Gao (Mali), où stationnent environ 1.700 soldats de la force Barkhane, Emmanuel Macron a donné, vendredi 19 mai, non seulement le ton mais aussi la feuille de route pour les militaires qui luttent, notamment, contre le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. "Je serai pour nos armées un chef exigeant, lucide, toujours présent […] Je ne risquerai pas vos vies pour rien", leur a-t-il assuré, après les avoir passés en revue, les yeux dans les yeux. Les militaires ont, semble-t-il, bien apprécié l’attitude et la posture du chef de l’État, qui ne s’est pas contenté d’une visite éclair mais qui a pris le temps de discuter avec eux, passant une journée complète avec eux sous le soleil brûlant de Gao.

Il faut dire que, depuis son élection, Emmanuel Macron multiplie les signes et les symboles positifs envers la communauté militaire. Il semble même avoir bien pris toute la mesure de son rôle de chef des armées. Le 14 mai, à peine entré dans la cour de l’Élysée pour y être investi, il a passé les troupes en revue d’un pas lent et martial, marquant ainsi une autorité qui avait tant fait défaut ces dernières années.

Sa visite à l’hôpital Percy pour s’entretenir avec les soldats blessés en opérations extérieures, la remontée des Champs-Élysées dans un command-car, son dépôt de gerbe sur la tombe du Soldat inconnu et le ravivage de la flamme ne sont pas passés inaperçus. Le changement de dénomination du ministère de la Défense, devenu ministère des Armées (certaines mauvaises langues disent « désarmé ») est aussi un signe fort qui fleure bon les années 50-60. L’esprit gaullien n’est pas loin.

Comment faut-il interpréter tous ces gestes, ces signes, ces symboles ? Emmanuel Macron n’a pas fait son service national. Cela lui a-t-il manqué ? En a-t-il nourri un regret tel qu’il se plaît aujourd’hui à jouer les chefs de guerre ? Ou bien a-t-il déjà pris pleinement conscience de son rôle de chef des armées, des lourdes responsabilités qui lui incombent ? La réponse tient sans doute des deux.

Une chose est certaine : l’attachement du chef de l’État à la condition militaire se mesurera à l’aune des dépenses budgétaires qui seront effectuées les prochaines années. Porter le budget à au moins 2 % du PIB, dès 2018, serait un premier signe fort, notamment pour réduire le taux d’attrition des matériels, et pour améliorer « le soutien de l’homme », c’est-à-dire les conditions d’exercice des soldats quand ils sont sur le terrain.

C’est à cette première condition qu’Emmanuel Macron pourra commencer à endosser l’uniforme de chef des armées avant de prétendre à celui de chef de guerre.

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21 mai 2017 à 11:10

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