Rédoine Faïd, le mythique braqueur roi de l'évasion tant aimé des vedettes du show-biz a été arrêté. Ce beau coup de filet de la police judiciaire doit être salué, mais il interroge.

Le jeune Rédoine, qui a commencé sa carrière de braqueur il y a vingt ans ans, n'a pas pu rencontrer un président de la République qui, comme Emmanuel Macron l'a fait avec un jeune ancien délinquant aux Antilles, l'aurait remis dans le doit chemin d'une claque sur l'épaule.

Il n'aurait, du reste, sans doute pas obtempéré. Car cet "enfant de la République" est fier de son parcours. La preuve, il a écrit un livre, publié en 2010 : Braqueur, des cités au grand banditisme. Il est l'avant-dernier d'une fratrie de douze enfants laissée à elle-même par la mort de la mère puis le départ du père pour l'Algérie. Rachid, son grand frère, a déjà commencé une carrière de braqueur. Il s'y engage aussi. Le banditisme : une affaire de famille. C'est son frère Brahim qui était au parloir avec lui lors de l’évasion du 1er juillet. Les sept suspects arrêtés sont tous "proches" de Rédoine, deux sont ses neveux.

Sa réussite dans le dur métier de braqueur de fourgons ou de banques est incontestable. Et sa facilité à fausser compagnie à la prison en fait un spécialiste chevronné de l'évasion. Bien aidé, il faut le dire, par l'arrêt de pratiques de sécurité – comme les filets au-dessus des cours de prison – qui ont été jugées "inhumaines", ce qui permet désormais d'envoyer des portables pleins de renseignements utiles, et aussi de faire se poser des hélicos… sans préjudice d'autres "failles dans le dispositif de sécurité", reconnues dès le 30 juillet par madame Belloubet, ministre de la Justice.

Bien aidé, aussi, par le fait que – pour cette fois – pas moins de 100 policiers ont été mobilisés pour traquer les suspects dans un quarter "sensible". En temps habituel, ils n'y pénètrent plus, ce qui laisse prospérer un commerce d'armes intense et fructueux. Les deux hommes cagoulés, lors de l’évasion de Rédoine, le 1er juillet, étaient armés de kalachnikov et de fusils d’assaut.

Reste une question : que faisait le roi de l'évasion dans les rues de Creil dans la soirée du 2 octobre au lieu de profiter, très loin, au soleil, de sa liberté retrouvée depuis trois mois ? Et, en plus, sous un piètre déguisement. Le rapport de police est formel : une C2 conduite par une jeune femme débarque dans une rue de Creil (lieu de résidence de Rédoine Faïd) - une femme en burqa. Puis, un peu plus tard, vers 22 heures, une deuxième, également vêtue d’une burqa. À 4 heures du matin, les deux femmes présumées sont arrêtées. Il s’agit bien de Rédoine Faïd et d'un complice. Se dissimuler sous un vêtement qu'il est, en principe, interdit de porter est-il le meilleur moyen de ne pas attirer l'attention de la police ? On peut en douter.

Ou alors, vraiment, à Creil comme à Mantes-la-Jolie, Trappes ou Saint-Denis, les "lois de la République" sont si peu respectées que cela n'attire même plus l'œil ? Est-ce le message subliminal délivré par le procureur Molins dans la conférence de presse où il détaille les circonstances de l'arrestation ? On murmure que ce même procureur de Paris, en partance pour la Cour de cassation, pourrait bien en être détourné et prendre le chemin de la Place Beauvau.
Il y a parfois de ces coïncidences…

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04 octobre 2018 à 11:18

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