Un magazine pour la jeunesse du groupe Bayard met en cause l’existence de l’État d’Israël : cela en dit long…

Longtemps j'ai abonné mes enfants à Pomme d'api et Youpi, fleurons du gros groupe de presse Bayard (La Croix, Le Pèlerin, Prions en Église, etc.).

Et puis il arriva un moment où j'ai cessé, où ce ne fut plus possible car ces institutions se prétendant catholiques, tout au moins d'inspiration, ou d'origine, en sont venues à défendre en histoire, en éducation, en politique (au sens large) des positions contraires, non seulement aux miennes, mais aussi à celles de la tradition chrétienne, et parfois aussi, comme cette fois-ci, à la vérité, tout simplement.

De quoi s'agit-il ? L’édition de janvier de ce mensuel censé faire découvrir le monde aux 5-8 ans contient une carte du monde avec la légende suivante :

On appelle ces 197 pays des États, comme la France, l’Allemagne ou l’Algérie. Il en existe quelques-uns de plus, mais tous les autres pays du monde ne sont pas d’accord pour dire que ce sont de vrais pays (par exemple l’État d’Israël ou la Corée du Nord).

Eh oui, chez Bayard, cela est passé comme une lettre à la poste. Pas un relecteur pour voir le problème. Pas un catholique pour trouver que c'était quand même un peu gros de comparer Israël, État démocratique libéral, à la Corée du Nord, l'une des ultimes dictatures communistes de la planète. Pas un autre pour rappeler qu'Israël est reconnu par la majorité des États du monde, à l'exception d'une trentaine de pays, essentiellement membres de la Ligue arabe. Pas un dernier pour se souvenir qu'en tant que chrétiens, héritiers de la promesse faite au peuple choisi par Dieu, "nous sommes tous, spirituellement, des sémites" (Pie XI), puisque Jésus non seulement n'était pas un migrant, mais était, d'abord et avant tout, juif. On aimerait parfois que les institutions catholiques, de Youpi jusqu'au pape, en passant par toute la hiérarchie céleste intermédiaire, fasse ces rappels catéchétiques et historiques de base. Pourquoi pas pendant le temps de Noël ?

Et pas seulement quand elles sont prises en flagrant délit de dérapage, comme vient de le faire le président du groupe Bayard, Pascal Ruffenach, qui "reconnaît une erreur, une maladresse. Nous ne voulions évidemment en aucun cas contester l’existence de l’État d’Israël".

En ce centenaire de la déclaration Balfour, et à quelques semaines du 70e anniversaire de la naissance d'Israël, cela en dit tout de même long, d'une part sur la force de l'idéologie anti-israélienne dans les milieux journalistiques et éducatifs français, d'autre part sur les dérives de ces catholiques de gauche (expression rapide mais commode, et finalement assez juste) pour qui la cause pro-palestinienne, arabe, immigrée et aujourd'hui pro-migrants est devenue LE dogme, les conduisant à d'inacceptables aveuglements.

Certes, il y a cet interminable conflit israélo-palestinien et la nécessité de tenir une position d'équilibre, surtout après les déclarations de Trump. Mais quand on connaît le degré d'antisionisme et d'antisémitisme d'une très grande partie des populations arabes, dans le monde et en France, il faudrait, au lieu de flatter et d'encourager cette haine, plutôt faire œuvre de pédagogie : plusieurs pays arabes, non seulement ne reconnaissent pas l’État d'Israël, mais souhaitent sa destruction. Cette vérité historique ne doit être ni masquée ni banalisée. Mais présentée pour ce qu'elle est : inacceptable.

Le CRIF, qui a eu raison de dénoncer cette propagande palestinienne inadmissible dans un journal pour la jeunesse français, a en outre demandé la publication dans le prochain numéro d’un "rectificatif ainsi qu’un article expliquant ce qu’est Israël et comment et pourquoi il est né".

En effet, ce ne serait pas un luxe de rappeler à nos enfants que ceux qui, en 1948, prirent les armes car ils n'acceptaient pas le plan de partage de la Palestine par l'ONU en deux États furent les pays arabes et les Palestiniens, enclenchant un conflit séculaire dont ils se disent les seules victimes, mais dans lequel ils portent une très lourde responsabilité.

Imprimer, enregistrer ou envoyer cet article