Maduro : du sang sur les mains

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On ne peut pas impunément se réclamer de Simón Bolívar et bafouer les règles constitutionnelles existantes, on ne peut pas se réclamer d’un des chantres de la démocratie et récuser sans vergogne la volonté populaire, on ne pas se recommander d’une des figures de la défense de la liberté en Amérique latine et faire tirer sur son peuple...

De jour en jour, Nicolás Maduro s’enferme non seulement dans un autisme insensé, lui qui a avait été élu en 2013 avec la plus faible des marges (50,62 % des suffrages contre 49,38 % pour Henrique Capriles Radonski), mais aussi dans une spirale de violences, avec deux nouveaux morts ces jours deniers.

Jeudi dernier, tout d’abord, dans le nord du pays, dans la province d’Anzoátegui, à El Tigre où un leader étudiant de 28 ans, José López Manjares, a été froidement abattu, lors d’une réunion universitaire de contestation à la politique de Maduro, par un homme qui s’est enfui ensuite à moto avec l’aide d’un complice. Un véritable « contrat » qui ressemble étrangement aux actions de la Milice nationale bolivarienne (MNB), une milice civile, armée par le pouvoir, qui oscille entre trafics en tous genres et forces d’appoint du régime...

La veille, mercredi, lors des manifestations dans la partie est de Caracas, c’était un jeune musicien de 18 ans, Armando Cañizales, qui décédait suite à une blessure à la tête... Et ce ne sont par les explications invraisemblables du vice-président du Venezuela, Tareck El Aissami, évoquant sa présence dans l’axe de tir contre la Garde nationale bolivarienne (GNB) qui ont convaincu.

La mort de ce jeune musicien a provoqué la réaction outrée du chef d’orchestre vénézuélien Gustavo Dudamel, une des figures montantes de la musique classique dans le monde (il dirige l'Orchestre symphonique de Los Angeles et officie régulièrement au Venezuela avec l'Orchestre Simón Bolívar) qui s’insurge contre "la violence et la répression""Rien ne peut justifier l'effusion de sang. Assez d'ignorer la clameur d'un peuple juste étouffé par une crise intolérable", ajoute-t-il dans sa diatribe.

Dans une déclaration relayée par son compte Facebook, il demande instamment au président vénézuélien Nicolás Maduro "de rectifier et d'écouter la voix du peuple vénézuélien. Le temps ne peut être marqué par le sang de notre peuple." Et il conclut par "Ya Basta" : assez !

Cette prise de conscience (on lui a reproché, au sein de l’opposition, son silence face à la crise) sera-t-elle un déclic pour les quelques personnalités encore libres et lucides proches du pouvoir ? Sera-t-elle entendue et relayée par toutes les bonnes consciences mondiales, bien silencieuses et attentistes à ce jour, qu’on a connues bien plus réactives sur d’autres sujets ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:55.
Jean-Marie Beuzelin
Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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