Madame Thill, vous êtes courageuse, continuez !

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Les lecteurs de Boulevard Voltaire savent que ni le parti présidentiel, ni les délires obsessionnels relatifs au droit à l’enfant ne nous sont très sympathiques. C’est donc avec d’autant plus de plaisir qu’il faut prendre connaissance des déclarations courageuses de madame Agnès Thill, députée LREM de l’Oise, qui déclare au très conformiste journal La Croix son opposition à la PMA pour toutes.

"Lors de la campagne législative, j’étais plutôt pour", explique-t-elle. "Mais mon opinion a évolué avec le temps, notamment à la faveur des auditions menées à l’Assemblée sur la bioéthique. Je ne me rendais pas compte des conséquences d’un tel changement. Désormais, j’ai changé d’avis."

Inutile de préciser que des dents grincent au sein de la majorité. Les députés élus en juin 2017 ne sont pas réputés pour la profondeur de leur analyse anthropologique, et surtout soucieux de clientélisme, à l’instar de leurs prédécesseurs. On se souvient, notamment, de la manière dont les députés UMP se sont précipités, pour certains d’entre eux, écharpes tricolores en bandoulière pour manifester contre la loi Taubira, avant de retourner leur veste lorsque le sujet n’était plus électoralement porteur - suivez mon regard…

Madame Thill a fait le chemin inverse, il faut l’en féliciter. Cela montre qu’il s’agit d’une femme intelligente qui réfléchit, et qui ne se laisse pas nécessairement embarquer dans une logique partisane.

"D’un côté, on lance un plan pauvreté, notamment pour venir en aide aux mères seules, et de l’autre, on va créer des familles monoparentales et placer des enfants en situation de précarité affective et financière." C’est l’évidence même, bien que l’on pourrait ajouter l’argument - très politiquement incorrect – selon lequel il est criminel de priver délibérément un enfant de père pour satisfaire les envie d’une infime minorité de la population dont la sexualité exclut biologiquement toute conception d’enfants.

À cet égard, l’argument du CCNE qui considère "que l'ouverture de la PMA à des personnes sans stérilité peut se concevoir, notamment pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles" est le pur produit du relativisme. Ce n’est rien d’autre que l’application du principe que l’enfant est un bien comme un autre, qui doit pouvoir être obtenu par tous, en le déconnectant totalement de la réalité biologique et familiale qui, depuis les origines de l’humanité, constitue la norme naturelle et indépassable.

Il faudra donc que madame Thill aille plus loin. Et, notamment, qu’elle comprenne qu’au-delà des considérations sociales, évidemment importantes, se pose une question essentielle et incontournable : l’ordre politique peut absorber toutes les composantes de la vie humaine, et notamment définir la notion même de vie ? Il s’agit pourtant d’un mystère qui échappe encore, et qui échappera sans doute toujours, à la connaissance humaine, et qui ne peut pas dépendre de la volonté du législateur à quelque titre que ce soit.

Dans un système juridique positiviste comme le nôtre, un tel propos est inaudible. Pour l’instant. Mais si un député élu au sein d’une majorité dévouée à une idéologie relativiste et matérialiste commence à se poser des questions, et si un journal comme La Croix commence à lui donner la parole, tout n’est peut-être pas perdu.

Continuez, madame Thill !

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