Quand Emmanuel Macron se prend les pieds dans les « fake news »…

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On pourrait s'interroger sur les conditions exceptionnelles qui ont entouré l'élection du sieur Macron, l'éviction tambour battant par la conjonction de la presse et d'un tribunal de son principal concurrent, puis les ristournes importantes qui ont été concédées au candidat de manière privilégiée et sans que l'autorité indépendante, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), sans doute distraite, trouve à y redire.

Mais ce qui irrite le personnage, ce sont les bruits qui ont circulé durant la campagne, sur des comptes bancaires exotiques ou sur la vie privée. On n'est pas loin du crime de lèse-majesté, et comme les parlementaires-godillots qui peuplent le palais Bourbon ne sont que les outils de celui qui a permis leur étonnante élection, ce dernier passe commande d'une loi conforme à son bon plaisir, qui permette de traquer les "fake news", pendant les périodes électorales, et notamment celles qui sévissent sur Internet.

La démarche comporte un paradoxe : cette offensive contre les fausses nouvelles nous en fournit une qui est vraie. Macron est un obsédé de la communication et sa politique se résume entièrement à la manipulation de celle-ci, d'où sa fureur lorsqu'on prétend jouer sur son terrain. En l'occurrence, son jeu est perdant. À partir d'une vindicte personnelle contre des médias étrangers présents sur Internet - russes, notamment -, la loi vengeresse qu'il a commandée au Parlement est en train de faire l'unanimité contre elle, des partis politiques à l'exception de ses godillots, de l'ensemble de la presse, du Figaro et du Monde, pour une fois d'accord, des journalistes qui, au SNJ et à RSF, protestent contre une nouvelle limitation de la liberté de la presse.

Première flèche : si M. Macron cessait de penser comme il parle, en sabir atlantique, il saurait que les "fake news" sont déjà visées en bon français par l'article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui incrimine la divulgation de fausses nouvelles, que l'article L.97 du Code électoral vise particulièrement celles qui perturbent les élections. Il prévoit une amende de 15.000 euros à l'encontre des bruits calomnieux.

Deuxième flèche : l'anglais présidentiel est l'indice de son mondialisme heureux entre Minc et Attali, ce mondialisme dont les GAFAM sont les vecteurs et les symboles. Cette fois, notre Président est l'arroseur arrosé, car son souci de l'efficacité, de la réussite, de Paris à la Silicon Valley, est ici pris en défaut. Les procédures françaises en référé contre "toute allégation ou imputation d'un fait, inexacte, ou trompeuse" ne déboucheront sur rien, car les juges seront incapables de vérifier les faits rapidement, et encore moins d'identifier l'auteur pseudonyme d'un tweet ou d'un post parti de l'autre bout du monde et repris, peut-être, des milliers de fois par une partie du milliard des utilisateurs des réseaux sociaux.

Troisième et quatrième flèches : M. Macron est hors sujet. C'est le démembrement des GAFAM et la restauration d'une souveraineté des États-nations en matière de justice et de responsabilité qui permettrait d'éviter le hors-sujet qui consiste à flageller en vain l'océan du mondialisme. Enfin, si un sujet est préoccupant dans notre pays, c'est celui de la peau de chagrin de la liberté d'expression rognée de loi en loi par la traque des phobies et de l'historiquement incorrect. Le scandale, ce ne sont pas les bruits colportés sur Internet, mais la poursuite méthodique de nos dissidents, de ceux qui ne pensent pas comme le conformisme de la pensée unique oblige à penser, et auxquels j'ai l'honneur d'appartenir, sans avoir d'ailleurs été condamné : les Bensoussan, les Camus, les Cassen, les Ménard, les Zemmour, et j'en oublie sans doute. La pression constante des inquisiteurs associatifs et des commissaires politiques de la Justice intimide devant les risques de la publicité négative et du coût des procédures. Elle incite à l'autocensure. La loi actuelle est déjà profondément liberticide. Un nouvelle étape nous éloignera encore davantage d'une véritable démocratie.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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