"Il est où, Emmanuel ?" Question inquiète et récurrente des nounous attentionnées et autres bonnes fées chargées de veiller sur le berceau de l’enfant roi en ce début de semaine. Évaporé, le petit fiancé de la France : depuis sa traversée de Paris en limousine, dimanche soir, et sa soirée VIP à La Rotonde, on avait perdu Emmanuel Macron.

Il faisait un gros dodo réparateur dans les bras maternants de son épouse Brigitte. Pendant ce temps-là, Marine Le Pen courait les marchés dès l’aurore. D’accord, les jeunes gens ont souvent une petite santé, mais bon, "l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt", dit notre culture populaire française. Oui, d’accord, je vous entends : "Emmanuel nie qu’il y ait une culture française." Mais quand même, il devrait faire attention, le gamin…

Bref, il y a du mou dans la saison 2 et ça commence à se dire… vertement même !

Thomas Guénolé, politologue, se lâche dans l’émission des "Experts", sur France Info : "Il accumule les erreurs lourdes. Dimanche soir, il a fait un discours pour jouir de sa victoire." Et d’enfoncer le clou : "Emmanuel Macron fait un dîner avec des happy few alors que l'extrême droite est au second tour. C'est une attitude d'enfant roi, et pas d'homme d'État." Conclusion : "Emmanuel Macron doit arrêter les conneries, vite."

Judith Waintraub, journaliste politique au Figaro, tente bien une analyse : "Il est possible que ça soit une stratégie. Il est possible aussi que ça soit une erreur d'appréciation politique, et que ce candidat qui a fondé toute sa démarche sur la transgression des clivages gauche-droite, laisse passer son moment." Au fond, comme Lionel Jospin en son temps, Emmanuel Macron pourrait bien être aussi une sorte de Oui-Oui : "Dans le monde merveilleux d'Emmanuel Macron, il ne faut pas parler des choses qui fâchent (Marine Le Pen), qui inquiètent. […] Au moment où il faut déployer sa stratégie, il n'y a plus personne." 

Seule Gaël Tchakaloff lui trouve des excuses : sont en cause "sa forme de candeur" et sa "positive attitude". "Il a envie de déclencher un vote d'adhésion sur sa personne plus qu'un vote de rejet vis-à-vis de Marine Le Pen", dit-elle. Car le talent et le piège de Macron, c’est son irrépressible désir de séduire et d’être aimé, comme l’a fort bien analysé Anne Fulda dans son livre Un jeune homme si parfait (Éditions Plon).

C’est pour cela qu’il a fait la fête, dimanche soir, pour faire exploser sa joie d’avoir gagné. Sauf que dans les allées du pouvoir, on s’inquiète : "Rien n'est fait […] Un vote, ça se mérite, ça se conquiert, ça se justifie, ça se porte", l’a mis en garde François Hollande. Parce qu’Emmanuel Macron est son poulain, bien sûr. C’est si vrai qu’allant voter, le Président a oublié de prendre le bulletin de… Benoît Hamon. Ô vertu des actes manqués ! Si vrai, encore, que Ségolène Royal, euphorique, a confié mardi matin au micro de CNews : "Je pense que c'était une bonne surprise dimanche soir parce que notre candidat était en tête. Ça méritait d'être heureux […] il faut s'en féliciter."

Voilà donc qui a le mérite d’être clair : Emmanuel Macron est l’enfant caché de Ségolène Royal et François Hollande, lesquels l’ont doté d’illustre parrains.

Ainsi, lorsque le vainqueur a tweeté, au soir du premier tour "Dimanche soir, les Françaises et les Français ont décidé de tourner la page des 30 dernières années", un internaute s’est offert ce commentaire sans commentaires : "Daniel Cohn-Bendit, François Hollande, François Bayrou, Alain Minc, Jacques Attali, Pierre Bergé, Bernard-Henri Lévy approuvent ce message."

Pour faire bonne mesure, on ajoutera qu’il est fortement question d’un gouvernement Macron-Bertrand ou Macron-Pécresse, et que l’on tient pour assuré que nombre de circonscriptions ont été "réservées" à LR pour les législatives, et l’on comprendra ce qu’il en est du renouvellement du personnel politique.

Conclusion : Emmanuel Macron a tout d’une marionnette aux ficelles bien tirées et, derrière le décor de carton-pâte, les magouilles continuent…

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26 avril 2017 à 20:24

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