Lutter contre ces fameuses fake news, ou la principale annonce d’Emmanuel Macron lors de ses vœux à la presse. Ainsi, "en cas de propagation d’une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge au travers d’une nouvelle action en référé qui permettra, le cas échéant, de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur, voire de bloquer l’accès au site Internet". Une fake news, c’est donc une fausse nouvelle, au contraire d’une true news, on imagine, qui, elle, serait une vraie nouvelle.

La bonne nouvelle, c’est que le Président vient manifestement d’apprendre ce qu’est le soft power – encore un anglicisme, décidément –, soit ce que l’on nommait naguère la guerre psychologique, laquelle consiste à préparer et accompagner la guerre tout court. La mauvaise nouvelle, c’est de savoir comment et surtout qui fera la différence entre une fausse nouvelle et une vraie nouvelle.

Il n’y a pas si longtemps, quand un journaliste prétendait que les massacres de Katyń avaient été perpétrés par les Soviétiques et non pas par les Allemands, il s’agissait d’une fake news. Aujourd’hui, la même news n’est plus fake du tout. Donc, c’est moins le fait qui sera jugé mais la personne qui l’aura relayé, sachant que, pour Macron et ses prédécesseurs, y a les faux journalistes et les vrais journalistes. Mais qui, une fois encore, démêlera le vrai du faux ? Exemple :

Quand le dessinateur Plantu, en une du Monde, caricaturait Jean-Marie Le Pen en nazi, était-ce une fake news ? Là, ça se complique. Il s’agissait de dessins à vocation humoristique, donc Jean-Marie Le Pen n’est pas vraiment un nazi. Mais comme le dessin se trouve en première page du quotidien vespéral de référence, voilà qui signifie tout de même que Jean-Marie Le Pen serait un peu nazi, pas dans le fond, mais au moins sur les bords. C’est d’autant plus plausible que Plantu est un homme de gauche. Donc un homme sérieux ; autrement, Le Monde, journal tout aussi sérieux, ne le ferait pas travailler. Tout cela est donc parfaitement subjectif. C’est-à-dire pas vraiment sérieux.

D’ailleurs, le traitement de ces fake news obéit à la même logique. Dans le collimateur d’Emmanuel Macron : les médias russes (Sputnik et Russia Today) qui auraient influencé la campagne présidentielle aux États-Unis. On leur devrait donc la victoire de Donald Trump sur Hillary Clinton. Les mêmes médias se seraient ensuite invités dans une autre campagne, celle de 2017, en France. En poussant François Fillon, puis Marine Le Pen, contre l’actuel Président. À en juger du résultat, de deux choses l’une : ou les services du Kremlin ne sont plus à la hauteur de leur réputation ou Emmanuel Macron relaye une fake news.

Au fait, et ce, à propos du soft power plus haut évoqué, que font les médias occidentaux en général, et américains en particulier, quand leurs médias assurent que Slobodan Milošević est un « boucher » et que les révolutions colorées d’Europe de l’Est sont éminemment spontanées et porteuses de mille félicités, si ce n’est répandre sciemment d’autres fake news ? Il y aurait donc la « bonne » et la « mauvaise » propagande.

Pour l’heure, seuls Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et le mélenchoniste Alexis Corbière ont condamné le projet macronien. Alain Juppé, quant à lui, s’en félicite. Là, on peut être sûr qu’il ne s’agit pas d’une fake news

PS : En quête d’une autorité de référence journalistique et de déontologie, Emmanuel Macron ferait bien appel à Reporters sans frontières. Pas bête : Robert Ménard a sûrement plein de trucs à raconter sur le sujet…

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04 janvier 2018 à 20:09

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