Le soleil brillait au Touquet, ce week-end pascal. S'y trouvait le couple présidentiel, manifestement en pleine forme, plein d'entrain pour une partie de tennis pour monsieur et un bain de foule pour les deux. Les chrétiens fêtaient donc la résurrection du Christ, les juifs commémoraient l'exode d'Égypte du peuple hébreu poursuivi par Pharaon. Les musulmans, eux, ne sont pas concernés. Emmanuel Macron non plus : aux fans qui se pressent autour de lui, il lance à la cantonade des « Bon dimanche ! » en veux-tu en voilà ! Les fêtes de Pâques, un week-end parfaitement identique à tous les autres, en somme. Laïcité oblige ?

La laïcité, Emmanuel Macron, d'évidence, la pratique pourtant de manière bien sélective.

Le 20 juin 2017, il vantait "le peuple uni et indivisible", soulignant que ce dernier ne se divisait pas entre « d'un côté les musulmans et de l'autre les Français » dans un discours prononcé... à l'occasion d'une rupture de jeûne du ramadan !

Sur le point de bénir le cercueil de Johnny Hallyday, au nom de la laïcité, il décidera, in extremis, de se raviser, tandis qu'aux obsèques de Mireille Knoll, "assassinée parce qu'elle était juive", disait-il lors de l'hommage rendu au colonel Beltrame, il prendra garde à se coiffer d'une kippa.

La laïcité d'Emmanuel Macron se montre également infiniment moins sourcilleuse lorsque des représentants d'associations musulmanes, à l'issue de la cérémonie rendue pour l'acte héroïque d'Arnaud Beltrame, refusent, au nom de la religion musulmane, de serrer la main de la préfète Catherine Ferrier. À notre connaissance, à ce jour, aucune réaction d'indignation de la part de celui qui nomme les préfets. Lors de l'iftar, en juin dernier, le tout nouveau Président Macron évoquait pourtant bel et bien "une République dont la laïcité garantit à chacun la Liberté et l'Égalité"...

Le vice-président de l'Association des travailleurs turcs de Vierzon a envoyé une lettre d'excuse à la préfète : la belle affaire ! Il regrette "profondément" ce qu'il s'est passé, "ce n'est pas normal", a-t-il le toupet d'écrire alors que, depuis des années, à la RATP (pour ne citer que cet exemple), nombre de musulmans refusent de toucher les mains des femmes ou même de s'asseoir après elles au volant des bus sans que jamais l'État n'ait, sur ce sujet, remué une oreille.

Mais ne faisons pas trop la fine bouche : en souhaitant un "bon dimanche" à ses compatriotes, plutôt qu'une bonne fin de semaine, Emmanuel Macron ne peut ignorer qu'il leur souhaite un "bon jour du Seigneur", dans la plus pure tradition chrétienne !

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02 avril 2018 à 17:49

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