Devant le corps préfectoral qu’il a réuni mardi 5 septembre à l’Élysée, le président de la République a annoncé une "refondation complète" de la politique d’immigration et prôné un cap de fermeté pour la future loi qu’il veut voir bouclée début 2018. "Si nous n’agissons pas pour refonder" cette politique, "c’est le consensus républicain autour de notre tradition d’accueil et d’asile qui est remis en cause" et "les seuls gagnants sont les extrêmes".

Examinons donc ce cap de fermeté évoqué par Emmanuel Macron. Cette refondation signifie-t-elle une remise en cause et une lutte contre l'immigration massive illégale ? Pas du tout. Il s'agit juste d'une adaptation à celle-ci et donc, en réalité, d'une fausse fermeté. Seule une « transformation » et non une réforme de notre politique de droit d'asile permettrait à notre pays de faire face à cette situation intenable qui ne fera qu'empirer.

Son propos se résume à une volonté de réduire à six mois le délai d’instruction des demandes d'asile, à refondre la politique d'intégration, à tenter de reconduire davantage à la frontière ou dans leur pays les centaines de milliers de déboutés qui se trouvent actuellement dans un « no man's land administratif », à être plus constructif dans l'accompagnement des retours volontaires qui coûtent moins cher qu'une reconduite. Autant de vœux régulièrement formulés depuis vingt ans par les gouvernements successifs, sans résultats probants, hormis la période de légalisation des charters par Charles Pasqua en 1993. Et puis toujours, avec Macron, cette fascination sur l'exemple allemand ! Il inscrit son action dans le sillage de la politique généreuse d’Angela Merkel, qui avait ouvert la porte à un million de réfugiés en 2015, car il faut désormais "que le modèle français se rapproche du modèle allemand. Nous avons des défis communs", affirme-t-il. Ce qui est évidemment faux puisque les Allemands ont un déficit chronique de leur démographie et, donc, un besoin vital d'immigration massive - ce qui n'est pas le cas de la France.

Une vraie transformation consisterait à revoir notre politique du droit d'asile, qui est caractérisé par deux formes de protection : d'une part, un statut de réfugié traditionnel conforme à la Convention de Genève du 28 juillet 1951 et une « protection subsidiaire » attribuée à l'étranger qui ne remplit pas les conditions d'obtention du statut de réfugié et qui prouve qu'il est exposé dans son pays à la peine de mort, la torture, les traitements inhumains ou dégradants, mais aussi - et c'est là que le bât blesse - à une "menace grave et individuelle contre sa vie ou sa personne en raison d'une violence qui peut s'étendre à des personnes sans considération de leur situation personnelle et résultant d'une situation de conflit armé interne ou international". C'est évidemment la porte ouverte à l'immigration massive incontrôlée, compte tenu du nombre de conflits dans le monde. Cette protection subsidiaire est la prolongation de l’asile territorial, créé en France en 1998 afin de légaliser l'accueil des ressortissants d’ex-Yougoslavie, et ensuite, entre 1994 et 1998, des ressortissants algériens menacés par le Front islamique du salut. De fait, l’histoire de la protection subsidiaire est liée au climat de guerre civile en Algérie.

La politique d'Emmanuel Macron ne fixe donc pas un cap de fermeté afin de limiter l'immigration massive. Seule un révision de cette notion de protection subsidiaire permettrait de limiter la casse. Sinon, pourquoi ne pas l'élargir au cas des réfugiés climatiques, puisqu'on y est ! Ce serait le pompon ! Non, Monsieur le Président, les gagnants d'une véritable transformation de notre droit d'asile seraient les Français, pas les extrêmes. Emmanuel Macron nous montre ses deux visages, un cap de fermeté d'un côté et une fausse fermeté de l'autre.

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07 septembre 2017 à 10:37

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