Macron, ce génie politique qui oblige à faire sécession

Ce 17 mai fut une journée importante pour le quinquennat Macron puisqu'il marquait la nomination du gouvernement de M. Philippe, député-maire du Havre que beaucoup estiment simplement être « un pantin » d'Emmanuel Macron. Ce n'est, d'ailleurs, pas le taux d'absentéisme de ce dernier à l'Assemblée ni le faible travail fourni en tant que député qui lui vaudront une once de crédibilité.

M. Philippe a donc annoncé son gouvernement, souhaité et même construit par Emmanuel Macron et ses proches conseillers.

Tout comme c'était déjà l'équipe du Président qui avait sélectionné une grande partie des candidats à la députation qui se présenteront en juin. Ces candidats, pour beaucoup novices en politique, qui se disent eux-mêmes prêts à obéir au garde-à-vous et à faire voter les lois pour lesquelles ils ont signé le fameux pacte « La République en marche ».

Que retrouve-t-on au sein de ce gouvernement ?

Des spécialistes (notamment à la Santé, à l’Éducation, au Travail, à l’Écologie, aux Sports).

De vieux briscards de la politique, qui ont toujours plutôt fait consensus auprès de la population qu'ils ont côtoyée quel que soit le bord politique (Bayrou, Le Drian).

Des hommes de gauche, mais aussi des hommes de droite, histoire de provoquer la mort définitive du Parti socialiste et des Républicains (Ferrand, Le Maire, Collomb).

Histoire, aussi, de mener une politique finalement peu clivante sur les questions (économiques) estimées prioritaires par M. Macron : une politique à l'allemande, souhaitée par Angela Merkel, mentor d'Emmanuel Macron.

Quelle opposition va-t-il rester alors ?

À droite, le Front national est en train d'imploser, victime du nom de sa présidente, des appétits souverainisto-staliniens de ses principaux conseillers, d'une faiblesse de l'appareil politique et intellectuel du parti (l'échec de la présidente lors du débat n'est que le reflet d'un vide presque généralisé).

À droite, toujours, les Républicains n'existeront plus d'ici quelques mois.

Le temps que cela se reconstruise - et bien que la « droite buissonnière » ait le vent en poupe chez les intellectuels -, il aura coulé de l'eau sous les ponts. Trop d'ego, trop de conservatisme, trop de souverainisme, trop de carriérisme... et trop peu d'idées neuves, d'esprit d'entreprendre et d'enracinement réel. 

Et c'est cela, le génie de Macron : avoir fait sauter la baraque. 

Car la seule opposition, idéologique, organisée, puissante dans la rue, à laquelle il va devoir faire face dans les mois à venir sera l'opposition de la gauche extrême. 

Sur la réforme du travail, sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sur les projets miniers, sur les questions sociétales pour lesquelles l'extrême gauche veut toujours aller plus loin, Emmanuel Macron va devoir composer avec une extrême gauche politique puissante d'un côté, épaulée s'il le faut par une ultra-gauche violente de l'autre.

Avec, à la clé, la possibilité de voir émerger un mouvement de type Chávez (Mélenchon a déjà entamé le processus), qui constitue pendant un temps la seule force d'opposition.

Et pendant ce temps, que faire ?

Pendant ce temps, les questions de l'immigration, de l'insécurité ne seront pas des priorités de ce gouvernement. Pis encore : M. Macron ne voit aucun problème dans la vague migratoire qui touche aujourd'hui l'Europe, voulant simplement, dit-il, la contrôler, tout en permettant la libre circulation de ces immigrés en Europe.

Autant dire que, désormais, il est nécessaire, vital même, que se constitue un mouvement politique qui fasse de la question identitaire (régionale, nationale, européenne) la seule ligne de front.

Un mouvement extrêmement centré, qui relègue donc par définition au second plan les questions économiques, sociales, sociétales.

Des questions qui n'ont jusqu'ici que contribué à fabriquer des divisions terribles entre les autochtones européens, au moment même où, dans certaines villes, dans certains quartiers, ils sont déjà minoritaires, et cela sur leur territoire d'origine.

S'ils n'en prennent pas conscience, alors l'implacable science démographique réglera prochainement (et définitivement) la question pour eux.

À chacun, désormais, de prendre ses responsabilités et de faire son nécessaire devoir de sécession (intellectuelle, politique, institutionnelle, culturelle, économique) afin de contrer le coup de génie d'Emmanuel Macron, qui n'est pas un grand lecteur du Prince de Machiavel pour rien.

Yann Vallerie
Yann Vallerie
Journaliste

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