Le candidat des élites bruxelloises et françaises a gagné. Le système était derrière Macron : les médias, les multinationales, les banques d’affaires, les syndicats, le show-business, Angela Merkel et tous les autres. Macron a-t-il des solutions ou va-t-il poursuivre la politique de ses prédécesseurs ? Est-ce une victoire à la Pyrrhus, comme le prétend l’intellectuel Christophe Guilluy ?
 
Que peut faire ce Président élu par rejet des partis politiques traditionnels, et avec une abstention et un nombre de bulletins blancs ou nuls impressionnant ? Lui qui avait à peine un programme. Parmi ses options figure la poursuite du fédéralisme européen. Jusqu’au jour où il découvrira que les Allemands n’en veulent pas.
 
Que pourra-t-il faire pour réduire notre dette abyssale, notre chômage de masse et accélérer notre faible croissance ? Certes, il peut casser le droit social et la protection des travailleurs pour rendre plus simple le droit d’engager et de licencier. Mais cela provoquera une révolte sociale.
 
Christophe Guilluy, après son succès chez Flammarion (La France périphérique, sous-titrée Comment on a sacrifié les classes populaires), vient d’écrire Le Crépuscule de la France d’en haut. Il considère, dans un entretien à Valeurs actuelles que "la dynamique populiste est enclenchée et ne cessera de monter si on ne traite pas toutes les questions économiques, sociales et culturelles". Comment un Président énarque (qui choisit un autre énarque comme Premier ministre), socialiste et mondialiste, qui adore le multiculturel, pourrait-il régler les problèmes français ?
 
Deux France s’ignorent et se font face : la France des métropoles, dynamiques, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique déclassée des petites et moyennes villes et des zones rurales. Cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, est délaissée.
 
Le seul parti qui s’adresse à la France périphérique est le Front national. De ce point de vue, le résultat des élections était clair. Paris donne 90 % de ses suffrages à Macron mais, dans les communes rurales, le FN fait des scores bien supérieurs. Cette fracture s’observe dans d’autres pays européens ou aux États-Unis. La logique est partout la même et provient d’une disparition des classes moyennes et de l’émergence d’une société multiculturelle.
 
"Si une partie de la France populaire est réceptive au discours de Marine Le Pen, celle-ci ne rallie qu’une partie de la France d’en bas." Ce qui sous-entend que le FN a encore un potentiel de croissance. Les clivages sociaux, culturels et géographiques sont manifestes. Les métropoles mondialisées contre la France périphérique, ce clivage a remplacé l’affrontement de la fausse droite contre la gauche. Les classes moyennes laminées par la mondialisation comprendront-elles que Macron est le dernier représentant de la France d’en haut ?

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17 mai 2017 à 18:17

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