Et si Macron faisait la politique économique que la droite n’a jamais osé faire ?

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Au début, avouons-le, nous n'y avons pas cru : comment ce poulain de Hollande, majoritairement soutenu par des socialistes essentiellement mus par l'instinct de survie et par quelques ambitieux de droite tout aussi carriéristes qu'eux, allait mener une véritable politique économique libérale sans voir s'évanouir sous lui ces soutiens d'un printemps ?

Mais, avec les dernières annonces du Président et du Premier ministre, nous commençons à douter : et si, finalement, M. Macron allait enfin conduire la grande modernisation libérale dont le pays a besoin et que la droite n'a jamais eu le courage de mener ?

Ce n'est pas tellement la loi Travail qui nous incite à croire à la détermination présidentielle. Ses dispositions sont complexes et, dans son souci d'équilibre, elle ne présente pas de signification politique claire. Ce sont plutôt les projets économiques bien plus ciblés que l'exécutif a révélés ces jours-ci.

D'abord, le plan dévoilé par le Premier ministre à Dijon en faveur des indépendants. Au-delà de la suppression, annoncée et symbolique, du RSI, l'annonce d'une année fiscale blanche, le rehaussement des seuils de chiffres d'affaires, les possibilités de modulation des cotisations selon le volume d'activités ont montré un intérêt concret du gouvernement en direction des indépendants, des professions libérales, des artisans, des auto-entrepreneurs. Il y a là, en effet, un vivier d'emplois et de croissance considérable. Et il y a longtemps que la droite aurait dû prendre ces mesures.

Ensuite, il y a la feuille de route décapante, révélée par Le Monde, du Président lui-même à M. Pepy, PDG de la SNCF, et à ses cheminots : le 1er juillet, lors de l'inauguration de la ligne Le Mans-Rennes, il a, devant dix cheminots invités à débattre avec lui, clairement annoncé la fin de leur régime spécial de retraites. Avec une loi en ce sens en 2018.

Pour être franc, je pense que le modèle sur lequel on a vécu, le mythe de la SNCF, n’est pas celui sur lequel on construira la SNCF du XXIe siècle. [...] Votre défi sera de ne pas rester sur la protection du passé. […] Vous protéger, ce n’est pas protéger votre statut ou le job d’hier, c’est vous protéger en tant qu’individu, pour aller vers le job de demain. [...] Soyons clair : si nous ne réglons pas ce problème, ce sont vos enfants qui paieront. C’est injuste.

Enfin, il semblerait qu'au-delà de la baisse des APL de 5 €, le gouvernement envisagerait, comme le candidat Macron l'avait annoncé durant sa campagne, de réformer en profondeur, contre tous les lobbies, la politique du logement, coûteuse (40 milliards d'euros) et inefficace. Selon Le Figaro, le gouvernement serait prêt à toucher à la loi Pinel, aux prêts à taux zéro, à la question des normes pour la construction, et à engager une véritable réforme des APL.

Or, ces trois réformes étaient au cœur des programmes de la droite il y a trente ans, mais elle y a renoncé quand M. Juppé, après avoir joué la fermeté, a tout cédé en janvier 1996.

On pouvait redouter que la nomination du juppéiste Philippe à Matignon représente la victoire par procuration du Juppé recentré, défait à la primaire. En fait, en assumant une ligne libérale fortement réformiste, MM. Macron et Philippe actent une nouvelle fois le décès du juppéisme qui n'était plus que le synonyme d'une droite frileuse et sans doctrine véritable.

Il serait peut-être temps que la droite elle-même s'en rende compte. D'autant plus que ce vice du renoncement qui l'habite depuis trente ans ne concerne malheureusement pas que l'économie.

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