Emmanuel Macron ou l’insaisissable légèreté de l’être ? En un sens, oui, tant ses prédécesseurs, si prévisibles, ne pesaient pas du même poids que lui - loin s’en faut. Jupiter ou Janus ? Les deux… en même temps, tel qu’il se doit.

Indubitablement, il y a eu, à défaut d’un ouragan, au moins un effet Macron dans les esprits et les urnes, même si son résultat du premier tour de l’élection présidentielle fut plus que modeste. Encore plus modeste est la suite, entre improvisation et cafouillage : hausse de la CSG, baisse des APL et humiliation aussi malvenue qu’inutile de l’armée, affront qu’une facture de soins esthétiques de 26.000 euros n’est pas parvenue à maquiller.

D’où, probablement, ce long entretien accordé à nos confrères du Point, faisant suite à celui de son épouse dans Elle, et censé lui permettre de reprendre la main. On aurait bien tort de sous-estimer l’homme, tel que trop souvent fait en ces colonnes, par votre serviteur y compris. Plus malin, on ne trouve pas.

Un peu de jeunisme, tout d’abord, lorsqu’il s’en prend "aux forces du monde ancien, toujours là, bien présentes, et toujours engagées dans la bataille pour faire échouer la France". On ne sait trop bien de qui il peut s’agir, mais une telle sortie fait toujours son effet.

Place aux jeunes, donc. Lesquels sont, aujourd’hui, "plus pauvres que les retraités" ! La belle affaire, sachant qu’il est assez logique qu’une aisance toute relative parvienne plus généralement à la fin d’une longue vie de labeur plutôt qu’à son commencement. Des jeunes auxquels il annonce néanmoins, et ce, non sans raisons : "Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde." Propos à mettre en regard avec ceux tenus, ce matin sur RTL, par son ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui, avec une rhétorique et un verbiage "progressiste", avançait à pas de loup, des mesures qu’il n’était pas incongru de tenir pour "réactionnaires", avec rappel des fondamentaux avant entrée en sixième, respect des professeurs et abandon en douce des mesures farfelues prises par sa devancière…

Un glissement vers le bon sens le plus élémentaire qui se vérifie aussi en matière de géopolitique : "L’Occident s’est perdu dans un interventionniste moral intempestif au Proche et Moyen-Orient, ainsi qu’en Afrique du Nord, durant les dix dernières années." Ajoutons-en dix-sept de plus et, avec la première guerre du Golfe, en 1990, le compte est bon. En son temps, déjà, le pape Jean-Paul II avait mis en garde contre l’explosion du terrorisme qui s’ensuivrait. Ce qui fait dire à Emmanuel Macron : "D’un côté, dire que le terrorisme que l’on connaît aujourd’hui n’a rien à voir avec un islamisme politique est faux. Mais, de l’autre, dire que c’est un terrorisme “islamique”, comme le proclament certains dirigeants politiques, est une erreur." Plutôt bien vu.

Et là, les jeunes, encore. Ceux de « banlieue », plus précisément, auxquels il convient de faire "retrouver le sens du récit historique", plutôt que de se "référer à des vidéos de propagande de Daech". Une manière comme une autre de rappeler que ce nihilisme mortel est enfant du grand vide et de la perte de sens de nos sociétés rongées par l’individualisme et le consumérisme ambiant. En substance, l’académicienne Jacqueline de Romilly ne disait pas autre chose. "Nous devons redevenir un pays fier", assène donc le Président. Mantra de circonstance ? Simple vœu pieux ? Ou début de diagnostic ? Si tel était le cas, nous serions au moins en marche vers un possible début de bonne direction.

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31 août 2017 à 18:08

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