Macron demande du temps aux Français : mais ils n’ont pas les mêmes impatiences que lui !

En Martinique, Macron en visite pré ou post-électorale (c’est comme on le sent) nous a encore gratifiés d’un bel exemple de contresens historico-politique. À l'entrée de la mairie de Saint-Pierre, un journaliste, audacieux - martiniquais, sans doute -, l’a l’interrogé sur "son été catastrophique".Tout en contenant son irritation devant une telle insolence doublée d’une incompréhension incompréhensible (pour lui), il a rétorqué : "J'ai dans le ventre l'impatience de 66 millions de Français." Ajoutant, cependant : "Les choses ne peuvent pas aller mieux du jour au lendemain.". Patience, je réforme à marche forcée ; pour les résultats, on verra plus tard, nous dit-il en substance. Mais les faits sont têtus, comme dit la sagesse populaire. Sagesse populaire : voilà deux mots honnis par le personnage !

Première remarque : 66 millions de Français attendraient, selon lui ? Toutefois, avec un peu de clairvoyance, il faut déduire de ces 66 millions quelques dizaines de millions de macro-sceptiques qui ne ressentent aucunement ses impatiences à lui. Pour ma part, ma seule impatience est de ne pas sortir trop mal en point de ce quinquennat qui s’annonce difficile à supporter. Et je ne dois pas être le seul. En fait, monsieur Macron ressent chez les Français une impatience purement imaginaire qui n’est que la projection de sa propre impatience. Il se croit investi d’une mission : faire plier la France et ses habitants aux exigences supranationales de l’Union européenne. Il est atteint de réformite incantatoire aiguë.

Mais, deuxième remarque, et immense malchance pour Macron, les réformes de structure, quelles qu’elles soient, brouillonnes ou bien salutaires, ont toutes un point commun : il leur faut beaucoup de temps avant de produire des effets positifs. Les effets pervers viennent immanquablement les premiers. D’où l’impatience pathologique de monsieur Macron. D’où sa crispation réformomaniaque de plus en plus visible. D’où les petites phrases choquantes sur « les Gaulois réfractaires » ou sur « la rue à traverser pour trouver un emploi ». Cercle vicieux… Il est à prévoir que les « Gaulois » seront de plus en plus réfractaires au changement pour le changement sans aucun bénéfice à en espérer.

Les Français ne sont pas hostiles aux réformes, ils savent que les dysfonctionnements doivent être corrigés, qu'ils sont faciles à identifier, mais ils seront de plus en plus hostiles au réformisme dogmatique ou à la réformite à l’aveuglette sans résultats tangibles.

Macron, pénétré sans contradiction possible de ses discutables vérités économiques et politiques, se crispera de plus en plus. Les Français aussi…

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