Macron c’est l’Union européenne et l’Union européenne, c’est Macron ! Si on veut…

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Un sondage – encore un – de Harris Interactive/Agence Epoka pour LCI, Le Figaro et RTL révèle que si les élections européennes avaient lieu aujourd’hui, les Français voteraient à 46 % pour exprimer leur insatisfaction à l’égard d’Emmanuel Macron, contre 19 % pour lui exprimer leur soutien. Pour 35 % des Français, ce vote n’aurait aucun rapport avec l’action du chef de l'État et de son gouvernement. En clair, ce sondage montre qu’Emmanuel Macron est bien au cœur de débat : 46 + 19, cela fait tout de même 65 % des électeurs.

Vote protestataire en vue : c’est ainsi qu’est interprété ce sondage si on retient ces 46 %. Sans doute. Mais n’est-ce pas, au fond, le signe que les Français, dans leur majorité, jouent le jeu voulu par le président de la République ? Emmanuel Macron voulait incarner, le voilà servi. Par ailleurs, les Français n’auraient-ils pas intégré que tout se tient dans ce monde global et ouvert ? Donc, normal qu’ils transfèrent au plan européen leurs mécontentements ou, a contrario, leurs satisfactions nationales. Et il faut être de mauvaise foi comme Pierre Moscovici, ou aveuglé par sa « foi européenne », pour dénoncer, comme il vient de le faire sur CNews, "l’antimacronisme primaire" qui serait une "stupidité". Il est vrai que cet "antimacronisme primaire" est très présent chez ses anciens amis socialistes, hors ou dans les murs.

Pour parodier le cardinal Gerlier, un lointain prédécesseur du cardinal Barbarin au siège primatial de Lyon, qui proclamait en 1940 "Pétain c’est la France et la France, aujourd’hui, c’est Pétain", au fond, Macron, c’est l’Union européenne et l’Union européenne, aujourd’hui, c’est Macron » ! Enfin, c’est comme ça qu’il voit la chose, entre discours de la Sorbonne en 2017 et tribune adressée urbi et orbi aux vingt-huit pays de l’Union, la semaine dernière.

Alors, on voit bien, à travers les propos de Moscovici, le discours qui pourrait être tenu aux Français dans les semaines qui viennent. On vous la fait courte : "Vous êtes peut-être insatisfaits de la politique gouvernementale. Je comprends vos insatisfactions, vos impatiences. Du reste, je les comprends et les partage. Mais, c’est d’Europe qu’il s’agit aujourd’hui. Les passions tristes doivent être mises de côté et rester à la maison à l’occasion de cette belle et grande échéance, etc." Bref, quelques circonvolutions plus loin : "…votez La République en marche !" C’est un vieux truc qui marche dans l’autre sens (par exemple, pour des élections locales : municipales, départementales, régionales) et utilisé depuis des lustres par le parti au pouvoir lorsque ça ne va pas très bien pour lui (c’est-à-dire à chaque fois !), pour conserver ses bastions locaux. "C’est de notre ville, de notre département, de notre région qu'il est question aujourd’hui. Les enjeux de politique nationale doivent s’effacer, etc." Un truc qui marchait peut-être autrefois, qui peut encore marcher parfois pour certains potentats locaux. On verra, d’ailleurs, l’an prochain, sous quelle étiquette se présentera, à Lyon, le ministre de l’Intérieur émérite…

Macron c’est l’Europe et l’Europe, c’est Macron. Enfin, pas pour tout le monde, si l’on en croit l’accueil plutôt tiède dans l’Union, notamment en Allemagne, faite à la missive du Président français. Être lauréat du prix Charlemagne est une chose ; être Charlemagne en est une autre.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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