À leur manière, les instituts de sondage fêtent la première année d’Emmanuel Macron au pouvoir. Avec des résultats qui se suivent sans toujours se ressembler, et une situation en demi-teinte pour l’hôte de l’Élysée.

Pour Ipsos-Sopra Steria, dans un sondage commandé par Le Monde et largement repris depuis lundi, le verdict est sans appel, 55 % des Français estimant que le bilan présidentiel est « négatif ». Dans le détail, on apprend donc que la proportion des mécontents se monte à 72 % pour la réforme du système de santé, à 70 % pour celui des retraites, à 66 % pour la lutte contre l’immigration et à 53 % pour celle concernant l’insécurité.

On notera que ces quatre thèmes englobent l’ensemble des préoccupations de nos compatriotes, même si les deux premières sont traditionnellement de gauche, alors que les deux dernières rencontrent généralement plus d’écho à droite. L’opposition à Emmanuel Macron recouvre donc l’ensemble du champ politique, comme s’il parvenait à fédérer contre lui, une union des électeurs, alors que celle des élus, à droite comme à gauche, peine manifestement à émerger

Il est pourtant des domaines où le Président paraît emporter l’adhésion, même s’il s’agit principalement de ceux relevant de sa seule image ; soit un répertoire par essence subjectif. Ainsi, 58 % des sondés estiment qu’il "renouvelle la fonction présidentielle". Passant derrière les deux turlupins qu’on sait, l’exploit n’avait rien d’herculéen.

De même, ils sont 62 % des sondés à penser qu’Emmanuel Macron "défend bien les intérêts de la France à l’étranger". Sur la forme, c’est indubitable. Sur le fond, en revanche, c’est une autre affaire. Le rapprochement avec la Russie n’aura eu qu’un temps, tel qu’en témoignent les récents bombardements en Syrie. Ses velléités de leadership européen se sont tôt heurtées à l’intransigeance allemande. Quant à l’accord sur le nucléaire iranien, Emmanuel Macron n’aura pas tardé à adopter les positions américaines, israéliennes et saoudiennes, dans la continuité de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Bref, derrière une impression de changement, la même continuité allant à rebours des intérêts stratégiques français. Ou de l’art de faire en mieux ce qui pouvait se faire de pire au Quai d’Orsay.

Dans un semblable registre, les sondés sont 51 % à créditer l’actuel Président "d’une vision pour l’avenir des Français". Fort bien, mais laquelle ? Celle de "ceux qui ont réussi" ? Ou bien celle de « ceux qui ne sont rien » ?

Alors, faut-il s’étonner que ce soit dans l’électorat donné pour être de « droite » qu’Emmanuel Macron puisse continuer d’engranger ses plus fidèles soutiens ? Pas vraiment. Et Le Figaro Magazine de se réjouir : "La cote du chef de l’État résiste et gagne un point (41 %) en mai malgré les tensions sociales. Grâce principalement aux sympathisants des Républicains. Ces derniers sont désormais majoritairement satisfaits du président de la République : 53 % (+14 points en un mois)." Emmanuel Macron, un Nicolas Sarkozy en mieux peigné et s’exprimant en un meilleur français ? C’est à croire, tant la naïveté d’un certain électorat de droite tend, après avoir souvent fait figure d’exception, à devenir la norme.

Et qui incarnerait le mieux l’opposition au macronisme ? Là, les chiffres divergent. Pour Le Figaro, s’appuyant sur un sondage IFOP-Fiducial : "35 % des sondés ont répondu La France insoumise, 27 % Les Républicains, 26 % le Front national et 11 % le Parti socialiste." Autre son de cloche chez nos confrères du Point, forts des résultats de l’enquête Ipsos-Sopra Steria : "Seulement 14 % des Français estiment que Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen feraient mieux qu’Emmanuel Macron. Un chiffre qui tombe à 8 % pour le président des Républicains Laurent Wauquiez et 4 % pour le Premier secrétaire du PS Olivier Faure."

Voilà qui signifie peu et beaucoup à la fois, selon l’angle à partir duquel on analyse ces tendances, mais situation qu’il est néanmoins possible de résumer de la sorte : face au marais macronien, composé de droito-centristes et de socialistes anémiés, droite et gauche de conviction issues de la « France périphérique » ont encore de l’avenir devant elles.

Ce, d’autant plus qu’un autre sondage Odoxa-Dentsu, cité par Valeurs actuelles, est lui sans appel : "Les Français sont 59 % à ne pas souhaiter qu’Emmanuel Macron se représente en 2022." Un chiffre que commentait ainsi, ce lundi matin, un des éditorialistes de RTL : "Si Macron venait à échouer, les Français pourraient bien être tentés par ce qu’ils n’ont pas encore essayé, à savoir, les extrêmes…" Sandec ?

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07 mai 2018 à 16:24

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