La campagne de Macron, ça devient le ciné-club : il nous fait défiler toutes les stars inabouties des décennies précédentes. On pensait qu'il avait touché le fond avec Raffarin et Cresson. Non ! Il nous a encore dégoté un histrion qui eut jadis son heure de gloire : Jean-Louis Borloo. Muet depuis des années. Un véritable Hibernatus qui est revenu à la vie le 30 avril 2017.

Pour les plus jeunes : Borloo, 66 ans, ministre sans discontinuer sous Chirac et Sarkozy, de 2002 à 2010. Accessoirement ami et complice de M. Tapie dans les affaires du foot valenciennois. D'ailleurs, M. Tapie vient, lui aussi, de saluer le retour de Borloo en faveur de Macron. On vous le disait : que du beau monde autour du chef d'En Marche ! Borloo fut aussi le fondateur de l'UDI, ce micro-parti déjà rallié à Macron avant même la défaite de Fillon ! Ceci expliquant cela.

Donc, silencieux pendant toute la campagne, « retiré de la vie politique » depuis trois ans, M. Borloo vient, une semaine après le premier tour, de prendre connaissance des résultats. Et cela a fait sur lui l'effet d'un électrochoc ! Il est « terrorisé » !

Mais il a une analyse à nous proposer : "L’objectif du Front, c’est de liquider la droite et le centre ! Quand un adversaire vous le déclare comme ça et que vous restez muets, c’est le syndrome de Stockholm..." Rassurons-le tout de suite : le Front n'a même pas pour objectif de « liquider la droite et le centre », car cet objectif a été déjà largement réalisé par… ses amis de « la droite et du centre », UDI en tête. Et M. Macron, pour qui il appelle à voter, n'aura plus qu'à achever ce travail si bien engagé.

Quant au syndrome de Stockholm qui rend muet face au danger et aux menaces terroristes, on aimerait informer M. Borloo que, pendant sa longue retraite silencieuse, depuis cinq ans, il y a eu en France des dizaines d'attentats islamistes causant des centaines de morts et autant de blessés. Mais que, c'est vrai, une partie inquiétante de nos dirigeants - et, malheureusement, de la population - est frappée de ce syndrome.

En outre, M. Borloo, qui n'a quand même pas brillé par son engagement ces derniers mois, tout terrorisé et "stockholmisé" qu'il est, se permet aussi de donner des leçons à M. Mélenchon : "Enfin ! La campagne de Mélenchon, la fraternité, la paix, la lutte contre les discriminations ! Au moment de la mère des batailles […] au moment où le risque est réel, on irait à la pêche ?"

C'est ça, la posture centriste, à la Macron-Borloo : vous n'avez pas fait grand-chose quand vous étiez ministre, mais vous vous permettez, depuis votre extrême centre, de donner avec arrogance, et des grands mots plein la bouche, des leçons à la gauche et à la droite.

Et puis vous réalisez des miracles : Macron a réussi l'exploit de tirer Borloo de sa torpeur et Borloo a inventé une nouvelle déclinaison du "en même temps" macronien : il est "en retrait total de la vie politique" mais en même temps "prêt à se retrousser les manches deux ou trois ans pour donner un coup de main" ! Quel courage, cet ouvrier macronien de la onzième heure !

C'est Estrosi, Le Maire et Lagarde qui vont être contents !

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01 mai 2017 à 20:47

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