M. Macron va-t-il céder aux charmes de la flat tax ?

how_the_flat_tax_worksforblog

Les économistes libéraux ont les yeux de Chimène pour la flat tax, qu’ils parent de toutes les vertus. Rappelons le principe de cet impôt : tous les contribuables payent un taux fixe (bas, en général, autour de 15 %) et unique sur tous les revenus. Il n’y a ni niche fiscale ni progressivité. Les milliardaires et les smicards sont taxés au même pourcentage.

Vingt-quatre pays ont adopté ce principe dont Hong Kong, la Russie, la Lituanie et la Slovaquie. Or, ces deux derniers pays ont désormais des taux de croissance qui sont parmi les plus élevés de l’Union européenne (plus de 3 % par an !). Ce n’est sans doute pas un hasard. La gauche récuse avec horreur la flat tax, car elle leur semble injuste et l’incarnation du mal. Ils préconisent même le contraire absolu de ce principe. M. Mélenchon, par exemple, veut tout prendre au-dessus de 40.000 € de revenu mensuel.

Étudions les données d’un point de vue économique : le but de l’impôt, à mon sens, ne doit pas être de « punir » les riches. Il doit plutôt être de leur soutirer le maximum d’argent sans aucune considération éthique qui fausse le débat. Or, la fiscalité française actuelle fait fuir les milliardaires. Notre pays est magnifique, mais qui est assez fou pour restituer, tous impôts confondus, 66 % de ses gains ? (Et encore, si on ne dépasse pas ce taux, c'est que le Conseil constitutionnel a fixé arbitrairement des limites.) Personne ! Le patriotisme atteint vite ses limites quand des pays européens comme Malte, le Luxembourg, la Suisse ou la Belgique vous tendent les bras. 15 % de quelque chose, c’est bien mieux que 66 % de zéro. On estime à 400 par an le solde négatif d’assujettis à l’ISF qui quittent la France. Si les conditions fiscales redevenaient plus clémentes pour les « riches », dans les dix ans, 5.000 expatriés reviendraient et 5.000 ne partiraient pas. On générerait sans doute, tous impôts confondus, de 5 à 10 milliards de revenus supplémentaires. À 15 %, la flat tax rapporterait entre 100 et 120 milliards d’euros (contre 55 milliards pour l’impôt sur le revenu) et rapidement bien plus, car ceux qui gagnent beaucoup n’auraient plus l’impression de travailler pour l’État.

La CSG est une forme de flat tax. M. Macron portera ce prélèvement à 9,2 % des salaires et des pensions. Il sert à financer en grande partie la protection sociale. Je préconise un taux final à 25 % de flat tax pour remplacer IR et CSG. Le surplus de 45 à 65 milliards serait redistribué sous forme d’impôt négatif aux plus défavorisés pour que la réforme soit neutre pour eux. En effet, actuellement, un couple smicard avec deux enfants ne paye pas l’IR. Avec la flat tax, ils devraient acquitter 2.000 € par an.

M. Macron va faire un petit pas dans cette direction, en taxant à 30 % les revenus des actions (en écartant les loyers) au lieu de plus de 50 % actuellement. Il veut favoriser les actions. Il n’ira pas plus loin, car le pays grondera s’il applique le taux uniforme à l’impôt sur le revenu. « Faites payer les riches » est un slogan dévastateur et meurtrier.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois