Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de harcèlement.

Mais, avec les comportements agressifs multiples d'Harvey Weinstein, on est passé dans un autre monde.

C'est toujours comme cela, en France. On ne fait jamais dans la demi-mesure.

Marlène Schiappa lance une consultation citoyenne avant de présenter un texte au premier semestre 2018 contre les violences sexistes et sexuelles. Il devrait acter un non-consentement présumé des enfants en matière sexuelle. C'est bien.

En revanche, l'allongement de la prescription de vingt à trente ans est une idée démagogique et un outil qui ne sera guère opératoire avec la déperdition des traces et des preuves au bout d'une aussi longue période. Mais je suis persuadé qu'on retiendra pourtant cette mesure parce que l'important n'est pas qu'elle soit efficace mais qu'elle donne bonne conscience. Et ce sera forcément bien !

Le hashtag #BalanceTonPorc, en France, a beaucoup de succès. Il est inondé de doléances, de récriminations, de dénonciations et d'indignations. C'est bien, c'est forcément bien. C'est du défoulement même si on ne peut pas savoir si tout est vrai, si dans cet immense déballage il n'y a pas ces étranges pulsions mimétiques qui racontent ce qu'on croit avoir vécu, subi.

Une jeune femme âgée de 25 ans a publié une lettre ouverte et lancé une pétition. Contre quels dangereux criminels ? Contre les "frotteurs" du métro qui, si ce qu'elle raconte est exact et pas fantasmé, sont en effet des types indélicats et grossiers.

Ce n'est pas tout.

Un groupe de travail va devoir définir "la zone grise entre la séduction consentie et l'agression sexuelle et proposer les moyens de verbaliser l'infraction". Je lui souhaite bon courage.

Je trouve que cela devient effarant. Pour être absolument dégoûté par le "porc" Weinstein et heureux par avance des sanctions équitables qui lui seront infligées, je me demande si nous ne sommes pas tombés sur la tête avec cette obsession d'une sexualité toujours virtuellement menaçante à l'encontre de femmes toujours virtuellement faibles et désarmées.

Nos rues, le métro, notre quotidienneté sont-ils emplis de ces séquences où, en effet, odieusement ou de manière indécente, des femmes sont ciblées, touchées ou offensées, ou s'agit-il d'exceptions, d'entorses dans un collectif qui généralement, où qu'il soit, ne s'abandonne pas à des débordements qui justifieraient à toute force une loi ?

Ce quadrillage qu'on semble prévoir avec enthousiasme va peser sur des êtres singuliers, hommes et femmes, dont la liberté, le désir, la résistance sont parfaitement capables, la plupart du temps, de s'exprimer sans le recours d'autre chose que d'eux-mêmes.

Quel étrange univers on nous prépare avec ce prurit législatif qui adapté ici devient absurde là à force de mettre sur le même plan le grave et l'intolérable d'un côté et le dérisoire de l'autre ? On doit parfois aussi laisser les personnes se défendre sans venir artificiellement à leur secours. La loi devient de plus en plus la béquille d'une société qui s'infantilise et n'a même plus le droit de compter sur elle pour ce qui, au premier chef, la regarde. Qu'on continue, et le simple risque d'humains vivant ensemble avec l'imprévisibilité inévitable de telles proximités et familiarités sera insupportable et on l'éradiquera en supprimant l'humanité de toute relation.

J'entends déjà l'objection scandalisée des féministes militantes. Je suis un homme et je n'y connais rien. Je n'ai pas le droit d'écrire sur ces problèmes de femmes. Ce ne serait même pas recevable si j'étais d'une indulgence coupable à l'égard des virilités dévoyées. Ce l'est encore moins quand on condamne comme moi les abjections récentes.

Inconséquences.

Qu'on cesse de nous harceler !

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18 octobre 2017 à 15:00

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